M.Christopher Ross effectuera, entre le 27 octobre et le 15 novembre, une nouvelle tournée maghrébine afin de tenter de relancer le processus de dialogue informel direct entre le Maroc et le Front Polisario. Au terme des contacts qu´il aura sur place avec les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Maroc et le Front Polisario, ainsi que les dirigeants des pays de la région intéressés à ce conflit qui se situe à leurs frontières, l´Algérie et la Mauritanie, le Représentant de l´Onu pour le Sahara occidental élaborera un rapport à l´intention de M. Ban Ki-moon sur la situation qui prévaut dans l´ancienne colonie espagnole. Auparavant, il se rendra, également, dans certains pays européens, dont l´Espagne, qui lui a renouvelé sa confiance récemment, et vraisemblablement aussi en France, où il plaidera, selon le porte-parole de l´Onu, pour une «solution politique du conflit du Sahara occidental mutuellement acceptable et garantissant l´autodétermination du peuple sahraoui».
Cette tournée est la première que M. Ross entreprend dans la région depuis que le Maroc a décidé, en mai dernier, de lui «retirer sa confiance». Les autorités marocaines avaient accusé le diplomate américain de pencher pour les thèses du Front Polisario dans ce conflit. Il est vrai que dès sa prise de fonction, en janvier 2010, le représentant onusien avait annoncé la couleur en soutenant que le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination était incontournable. A cette raison de fond est venue se greffer une accusation marocaine plus immédiate sur le prétendu «dépassement» de sa mission. Le diplomate américain avait présenté, en avril dernier, un rapport au SG de l´Onu qui le soumettra devant le Conseil de sécurité, accusant les autorités marocaines d´avoir «espionné» les activités de la Minusro. Cet organisme onusien chargé de la surveillance du cessez-le feu au Sahara occidental est de plus en plus sollicité par les organisations humanitaires internationales pour élargir sa mission à la surveillance des droits de l´homme dans l´ancienne colonie espagnole. Rabat soupçonne M. Ross d´avoir inspiré cette initiative qui fait son chemin à l´Onu.
En plus de son soutien à la tenue d´un référendum, le diplomate américain a toujours pris ses distances par rapport au plan du Roi Mohammed VI sur l´«autonomie du Sahara» qui fait l´impasse sur le droit à l´autodétermination du peuple sahraoui.
Le Royaume du Maroc s´est employé activement, depuis ces six derniers mois, à demander le départ de M. Ross. Ce à quoi M. Ban Ki-moon a réservé un refus catégorique en exprimant à plusieurs reprises sa «pleine confiance» à M. Christopher Ross. Les autorités marocaines, qui ont essuyé un sérieux revers diplomatique dans cette affaire, ont fini par renoncer à exige la tête de Christopher Ross. Devant l´Assemblée générale de l´Onu, le ministre marocain des Affaires étrangères, M. El Othmani, avait fait part de la disponibilité de son pays à reprendre les négociations avec le Front Polisario, tout en insistant sur la formule consacrée par le régime de Rabat du «cadre de l´intégrité territoriale du royaume». C´est dans ces conditions difficiles que M. Ross tentera de faire avancer le processus de décolonisation du territoire sahraoui.
B. H.
El Moudjahid, 22 oct 2012
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