Rabat – Le Maroc et l’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, qui avait été désavoué en mai par Rabat, ont repris langue lors de la visite de Christopher Ross, mais la donne a changé aux dépens du royaume, selon des experts.
La situation au Sahel, avec l’éventualité d’une intervention au Mali contre des islamistes, accroît par ailleurs le poids de l’Algérie, soutien du Polisario (indépendantistes sahraouis).
Au Maroc, le retour de Christopher Ross, moins de six mois après que le royaume lui a retiré sa confiance, s’est fait sans tambour ni trompette: si le sujet a été commenté dans la presse locale, les deux parties ont restreint leur communication, tenant les médias internationaux à l’écart.
L’envoyé spécial de Ban Ki-moon a passé quatre jours à Rabat, avant de se rendre à Laâyoune, la principale ville du Sahara occidental, une visite inédite –la première depuis sa nomination en 2009–.
Au-delà des rendez-vous classiques avec les dirigeants du royaume, M. Ross a rencontré d’autres acteurs politiques et des représentants de la société civile, de toutes tendances.
« L’environnement a radicalement changé », notamment dans le « contexte nouveau » né du Printemps arabe, fait valoir Khadija Mohsen-Finan, universitaire en France et spécialiste du Maghreb.
« Nous assistons à une redéfinition du rôle des Nations unies » dans ce dossier, dit-elle, estimant que « les peuples vont désormais être associés ».
Surtout, Mme Mohsen-Finan juge que la confirmation de M. Ross à son poste puis son retour dans la région constituent « un camouflet » pour le Maroc, qui avait fustigé une partialité de l’émissaire onusien.
Pour le quotidien Akhbar al-Youm, la diplomatie marocaine a commis « deux erreurs » dans le dossier Ross: « La première, quand il a décidé de retirer expressément sa confiance (…) avant même l’obtention du feu vert américain, et la deuxième lorsqu’il a accepté le retour de Ross, comme si de rien n’était ».
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