Mohamed VI, monarque de droit divin et bourreau du peuple sahraoui.

Par Rosa Moussaoui, L’Humanité, 8/1/2013
Mohamed VI, le monarque qui viole les droits humain
De graves violations des droits humains sont perpetrées à huis clos dans la dernière colonie d’Afrique. La répression frappant le peuple sahraoui s’est encore durcie depuis 2010. Soixante-cinq prisonniers politiques sahraouis croupissent dans les geôles du roi.
À Laayoune et dans les territoires occupés, le pouvoir marocain réprime, enferme, tabasse, enlève les défenseurs des droits humains, les indépendantistes déclarés ou supposés. Avec la bénédiction de Paris, qui loue l’inacceptable « plan d’autonomie» du Palais, au mépris des résolutions onusiennes sur le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Le 13 décembre dernier, les députés européens s’alarmaient des graves violations des droits humainsperpétrées à huis clos dans la dernière colonie d’Afrique. Les termes de l’amendement au rapport annuel du Parlement européen sur les droits de l’Homme dans le monde sont clairs :
« le Parlement européen exprime son inquiétude quant à la détérioration des droits de l’homme au Sahara occidental ; appelle au respect des droits fondamentaux de la population du Sahara occidental, y compris la liberté d’association, la liberté d’expression et le droit de manifester; demande que soient libérés tous les prisonniers politiques sahraouis; exige que le territoire soit ouvert aux observateurs indépendants, aux ONG et aux médias; réaffirme son soutien à l’établissement d’un mécanisme international visant à contrôler le respect des droits de l’homme au Sahara occidental; encourage un règlement juste et durable du conflit, sur la base du droit de la population sahraouie à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies ».
Pour venir témoigner en France du sort réservé au peuple sahraoui dans les territoires occupés, Nhabouha Lakhlifi et Matou Dambar ont du affronter une course d’obstacles. La première a subi, à l’aéroport de Laayoune, un long interrogatoire de police… avant d’apprendre que son billet d’avion avait été annulé par la Royal Air Maroc, sans motif. Les 700 kilomètres de bus pour rejoindre Agadir et prendre un autre vol furent pour elle un long tunnel, entrecoupé, à chaque poste de gendarmerie, d’humiliants interrogatoires. Les deux jeunes femmes témoignent d’un net durcissement de la répression depuis le violent démantèlement du camp de protestataires de Gdeim Izik, à l’automne 2010.« Il y a eu de nombreuses arrestations arbitraires et même des assassinats. Les enlèvements sont devenus presque quotidiens », rapporte Matou Dambar. Les deux jeunes frères de Nhabouha Lakhlifi, Abderrahmane et Habibollah, ont eux-même « disparu », il y a sept ans.
Les démarches, réclamations, sit-in et plaintes sont restés, jusqu’ici, lettre morte. Leur famille reste sans nouvelles des deux jeunes gens, enlevés le 25 décembre 2005 à Boujdour, avec treize autres militants des droits humains. Les familles ont saisi, en 2006, le Haut commissariat des droits de l’homme de l’ONU. Après quoi, les autorités marocaines ont fait état du repêchage, en mer, de quatre cadavres non identifiés. Les familles ont réclamé, en vain, des autopsies. Elles ont finalement refusé que des tests ADN soient pratiqués par la justice marocaine, hors du contrôle d’une instance internationale. « Nous sommes convaincus qu’ils ont été torturés à mort », conclut la jeune Sahraouie, enveloppée dans une étole mauve.
Le sort du jeune frère de Matou Dambar, Saïd, fut tout aussi tragique.
Le 21 décembre 2010, quarante quatre jours après la sauvage répression de Gdeim Izik à laquelle il avait réussi à échapper, le jeune homme est sorti vers 19 heures, pour aller regarder un match de football avec ses amis. Barcelone, son équipe préférée, jouait ce soir-là. À deux heures du matin, des policiers sont venus tambouriner à la porte. « Ils nous ont dit que Saïd se trouvait à l’hôpital, après une altercation avec des policiers. Nous y sommes allés. Il portait une blessure par balle sur le front, entre les deux yeux. Il avait déjà rendu son dernier souffle, mais sa mort ne fut déclaré que trente-six heures plus tard », souffle Matou Dambar.
Soixante-cinq prisonniers politiques sahraouis croupissent aujourd’hui dans les geôles du roi. Parmi eux, les jeunes militants à l’origine de la protestation de Gdeim Izik pour la liberté, le justice sociale et la dignité. Vingt-quatre d’entre eux, dont le militant des droits de l’homme Ennama Asfari (« L’Humanité » du 20 août 2011) sont arbitrairement détenus à la prison de Salé, dans l’attente d’un procès maintes fois ajourné. Ils pourraient être déférés ce 1er février…devant un tribunal militaire. Mustapha Abdeddaim connaît bien ces oubliettes royales, où il a purgé trois ans de prison en raison de son combat pour l’indépendance du Sahara Occidental. « Le Maroc prétend que les choses ont changé depuis l’accession de Mohamed VI au trône.
Mais la page des années de plomb n’a pas été tournée, le régime marocain n’a pas changé. Ses défenseurs prétendent qu’il n’y a plus d’assassinats politiques, c’est faux. Ils disent qu’il n’y a plus d’enlèvements depuis Ben Barka, c’est faux », met en garde ce militant torturé. « Pour eux, la monarchie et le Sahara relèvent du sacré », résume-t-il.
Le 24 septembre 2012, au terme d’une mission de huit jours au Maroc, avec une étape à Laayoune, Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, faisait état d’une « augmentation du nombre d’actes de torture et des mauvais traitements lors de l’arrestation et de la détention ». « Le jour de sa visite, les policiers se sont attaqués à des gens dans les rues de Laayoune », se souvient Matou Dambar. Brutal témoignage du sentiment d’impunité de la monarchie marocaine.

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