La Confédération veut la peau de l’accord de libre échange UE/Maroc, qui permet au Maroc d’exporter des fruits et légumes détaxés vers l’Union européenne. Et pour le faire tomber, elle a décidé de s’attaquer à ses failles juridiques.
« Nous sommes en train d’attaquer une entreprise devant le tribunal », a annoncé André Bouchut, membre du bureau national, lors des voeux du syndicat à la presse jeudi. C’est l’entreprise française Idyl, basée à Châteaurenard, qui est visée. « Elle produit des fruits et légumes au Maroc et dans le Sahara occidental, qu’elle exporte en Europe dans le cadre de l’accord UE/Maroc, explique André Bouchut. Elle crée ainsi une situation de concurrence déloyale avec les producteurs français. Or, le Sahara occidental n’est pas reconnu par l’UE comme appartenant au Royaume du Maroc. En important des produits du Sahara occidental dans le cadre de cet accord, l’UE ne respecte pas son droit ! »
Le syndicat a donc saisi le tribunal de Commerce de Tarascon, qui a missionné un huissier pour se rendre au siège de l’entreprise Idyl et dresser un rapport. « L’huissier s’y est rendu mardi », a indiqué la Confédération paysanne, ajoutant que l’entreprise n’avait pas voulu coopérer. Le feuilleton est donc à suivre. Mais « on ira jusqu’au bout », a promis le syndicat, n’acceptant pas que « le commerce passe au-dessus du droit et des principes de l’UE ». « Le coup est parti, et on espère bien que cet accord sera le premier à tomber ! »
S’il s’est investi dans cette affaire, c’est pour plusieurs raisons. Le respect du droit à la souveraineté alimentaire des peuples, d’abord. « Des entreprises étrangères prennent les meilleures terres locales pour produire afin d’exporter », dénonce André Bouchut. Mais c’est aussi pour défendre les paysans français, insiste Philippe Collin. : « On nous parle tous les matins de compétitivité, de réindustrialisation,… Et là, avec des accords scandaleux, on laisse partir nos agriculteurs ! Faut-il rappeler qu’en agriculture, il y a tous les six mois l’équivalent d’un plan Peugeot (8.000 licenciements) ? » Enfin, l’aspect développement durable, si cher à l’UE, est malmené par cet accord : « Quand on exporte des fraises ou des tomates, on exporte de l’eau du Maroc vers l’UE. Nous ne sommes pas sûrs que l’eau soit en surabondance là-bas… »
B.L. (La France agricole)
DEMAIN ONLINE, 18/1/2013
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