Un simple colloque au Sénat vient de provoquer une tempête diplomatique venue du Maroc. D’origine algérienne, Leila Aïchi, sénatrice écolo, a reçu une pluie de courriels la traitant de « collaboratrice du pouvoir algérien » et fait l’objet d’une campagne de presse au Maroc. Le cabinet du président du Sénat, Jean-Pierre Bel, a reçu des coups de fil du Sénat marocain protestant contre cette initiative « déplacée ».
Motif de ce courroux: avec sa collègue Marie-Christine Blandin, également sénatrice écolo, elle a organisé un séminaire sur les «droits de l’homme au Sahara occidental », en présence de députés européens, de Stéphane Hessel et de la fondation (humanitaire) Robert-Kennedy.
Sujet brûlant pourla monarchie marocaine, qui, en1975, a annexé par la force 80 % du territoire de l’ex-colonie espagnole! Bon camarade, le sénateur Christian Cambon, président du groupe d’amitié France-Maroc, a dénoncé «avec consternation l’attitude de [s]a collègue Leila Aïchi » auprès de la très officielle agence marocaine MAP. Et de déplorer « un geste déplacé à l’endroit du peuple et des autorités marocaines ».
Quant à l’ambassadeur de France à Rabat, ila été sommé de s’expliquer.
Bizarre, mais, quand le département d’Etat américain a exprimé, en octobre, dans un rapport saignant, «de sérieuses inquiétudes sur les droits de l’homme au Sahara occidental », il a provoqué des réactions au Maroc beaucoup plus feutrées.
Le Canard enchaìné, 6 fév 2013
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