Sahara Occidental : la France entretient la confusion

Alors que le verdict scandaleux de la justice militaire marocaine, dans le procès des prisonniers politiques de militants sahraouis de Gdeim Izik, continue de susciter indignation et réprobation à travers le monde, la France officielle, et en particulier sa diplomatie partisane, continue à tourner le dos à l’histoire et à «appuyer» le plan néocolonial du Maroc, dit plan «d’autonomie». 
Encore une fois, Paris est le seul pays européen à appuyer ce plan mort-né au moment où Christopher Ross est reçu par la présidence française et du Premier ministère français, pour la recherche d’une solution juste et et durable, sous l’égide des Nations unies, conformément aux Résolutions du Conseil de sécurité. Ces mêmes résolutions auxquelles se référe la position française et qui réaffirment, toutes, sans exceptions, le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui. Ainsi, le double jeu de la France et de ses diplomates, si sourcilleux de ménager le Maroc, qui soigne son image à coups de prébendes, continue, en dépit de défaites diplomatiques majeures de Rabat, essuyées au sein même de la capitale française. 
Pour rappel, François Hollande, chef de l’État français, lors de sa visite d’État en Algérie, a exprimé une position nouvelle qui donne l’impression en apparence d’une évolution de la France dans le règlement, juste, de la question du Sahara occidental. En déclarant à Tlemcen, en réponse à une question sur le Sahara occidental, que la résolution de ce conflit est du ressort de «l’Onu, rien que l’Onu, et toutes les Résolutions de l’Onu», a fait bouger les lignes et n’a pas évoqué au grand dam du Palais royal marocain la prétendue solution «d’autonomie», que la diplomatie marocaine a sortie du chapeau pour torpiller le plan de paix, ou plan Baker, avalisé en son temps par le souverain marocain, Hassan II. Intervenant par deux fois sur le dossier sahraoui, le chef de l’État français a repris mot pour mot les termes des Résolutions onusiennes à ce sujet, approuvées d’ailleurs par le Maroc, et soulignant que le règlement de ce conflit doit s’exercer «dans le cadre des Nations unies, a travers une solution politique, négociée et mutuellement acceptable. C’est sur cette base d’ailleurs que travaille Christopher Ross, impliquant non seulement les deux protagonistes du conflit, mais aussi les membres du Conseil de sécurité et les pays directement concernés pour mettre en place le cadre idoine à l’exercice du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Un cadre qu’il s’agira de négocier. Il faut rappeler à cet égard que L’Onu n’a jamais renoncé à faire aboutir le processus de paix, bloqué par la politique d’obstruction du Maroc, encouragé et conseillé par Paris en contrepartie d’intérêts mercantiles au plus haut niveau de l’État français. 
Pour revenir aux déclarations de François Hollande, homme de vérité à l’intégrité jamais prise en défaut, elles auraient été pleinement satisfaisantes pour les Sahraouis, s’il elles n’avaient été précédées par celles de son Premier ministre, Ayrault, dépêché à Rabat, moins d’une semaine avant la visite d’État de François Hollande à Alger. Dans ces déclarations, le Premier ministre français, parlant du Sahara occidental, aurait apporté le soutien de la France à la solution «d’autonomie», avancée par le Maroc, au mépris des Résolutions du Conseil de sécurité qu’il a toujours approuvées, tout en bloquant leur application. 
Donc, à nouveau, le Quai d’Orsay contredit le chef de l’État Français et vole au secours du Maroc au moment où ce pays est au banc des accusés et bafoue la légalité internationale en croyant étouffer la volonté d’indépendance des Sahraouis à coups de décisions de justice iniques et de lobbying qui saigne l’économie marocaine. Faut-il rappeler aux diplomates français et à la chef de file du lobby marocain, la native du Maroc, il est vrai, Elisabeth Guigou, qui ne sait plus quoi faire pour plaire au makhzen qu’à ce jour, le Sahara occidental figure, comme l’a rappelé, il y a encore peu de temps, l’Assemblée générale de l’Onu, sur la liste des territoires non-autonomes, dont la décolonisation est inachevée. Qui plus est, toutes les Résolutions du Conseil de sécurité n’ont cessé de rappeler le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, se référant à la Résolution-1514 et au principe sacro-saint du droit des peuples à disposer de leur destin.
Mokhtar Bendib

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