Pantalonnade royale

Les deux jeunes adolescents algérien et marocain qui se sont adonnés à une «pantalonnade» au Maroc ignoraient tout l’un de l’autre. Le Marocain ne savait pas que l’Algérien avait le «principe de réciprocité» dans le sang et que, de ce fait, quoi qu’il ait pu faire à son congénère algérien, ce dernier lui aurait de toute façon rendu la pareille. 
Peut-être le jeune Marocain pensait-il que se trouvant sur son terrain, donc jouant à domicile, l’adolescent algérien se serait retenu de répondre à sa provocation ou de se prêter à son jeu. Le jeune Algérien, lui, devait ne pas savoir qu’au Maroc, quand on appartient à la famille royale, on a le droit de baisser le pantalon à tous les autres et que si jamais quelqu’un s’aventurait à réagir de quelque manière que ce soit, il est conduit à Tazmamart (Mohammed VI l’aurait fermé, dit-on), là où tous ceux qui ont soulevé la djellaba (politique) devant le défunt roi Hassan II – on appelle ce geste «un trône menacé» – ont été privés de leur liberté pour des années, quand il n’ont pas été tout simplement exécutés. 
Notre jeune concitoyen ne savait pas non plus – par exemple – que, dès qu’un journaliste algérien atterrit à l’aéroport de Casablanca, à peine est-il arrivé à son hôtel, qu’il repère une Logan noire avec quatre personnes à bord garée en face. Durant son séjour, ce journaliste algérien a, au bas mot, neuf chances sur dix de tomber sur le même chauffeur de taxi une fois sur deux, lequel lui posera des questions «anodines» en toute «innocence» et en toute «fraternité». 
Bien sûr, le Maroc ce n’est pas la Libye. Des institutions existent et les hommes valeureux y sont légion et représentent l’écrasante majorité de ce peuple frère. Mais comme partout ailleurs, le zèle existe aussi, même quand il s’agit d’un jeu d’ados qui vire à l’arrestation spectaculaire à la frontière du ridicule. Ah, ce problème de frontière !
M. Aït Amara

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