La mort de Chavez, un triste jour pour l’anti-impérialisme

Après deux ans passés à cumuler les rumeurs et les informations contradictoires sur son état de santé, les autorités vénézuéliennes viennent d’annoncer la nouvelle à laquelle tout le monde s’attendait: Hugo Chavez est mort! Le dernier rempart démocratiquement élu de l’anti-impérialisme s’est finalement écroulé.
Celui qui se dit héritier de la culture politique de Simon Bolivar, libérateur de l’Amérique latine, a, dans sa tentative de mettre en place une voie permettant de contrebalancer la puissance occidentale, dû s’allier à des chefs d’État on ne peut plus controversés. Qu’il s’agisse de ses liens avec les gouvernements cubain et iranien ou de son appui à la création d’un État palestinien, tout cela nourrissait la rhétorique de ceux voulant qu’il soit une menace à la cohésion de la communauté internationale.
Malgré le fait que les élections auxquelles il a pris part aient été si libres et si démocratiques que Jimmy Carter, ancien président américain et fondateur du Carter Center , organisme qui surveille les élections à travers le globe, a déclaré à leur propos: «En réalité, sur les 92 élections dont nous avons surveillé le déroulement, je dirais que le processus électoral du Venezuela est le meilleur du monde», Hugo Chavez ne parvint jamais à se défaire de cette image de dictateur que lui ont façonné les grands médias occidentaux.
Ses prises de bec répétées avec Washington à propos de la politique étrangère américaine auront marqué les esprits. Peut-être trop. À tel point qu’elles ont fini par occulter, ou à tout le moins minorer, les prodigieux avancements sociaux qu’il aura permis de réaliser durant ses quatre mandats consécutifs.
Il s’est servi de la manne pétrolière afin de resserrer l’écart de richesse, d’améliorer le niveau de vie du peuple et de réduire le taux de chômage. Il a tenu des référendums lors de ses réformes constitutionnelles, laissant le peuple décider en dernière instance du bien-fondé de ses projets.
Bien entendu, tout n’est pas rose, et il ne faut pas sombrer dans l’angélisme. Pourtant, le portrait qu’on en fait dans les médias – américains notamment – est souvent sous tendu par le désir de ternir son image de la même façon que lui le fait envers les États-Unis dans son pays et au sein de son cercle d’influence.
Thomas Jefferson, troisième président américain et l’un des pères fondateurs disait que « Le peuple est le seul censeur de ceux qui le gouvernent.» Chavez l’avait bien compris et il aura fait du plébiscite son arme de prédilection afin de légitimer ses décisions.
L’impossibilité de faire l’unanimité est une réalité qui s’impose d’elle-même tant elle relève de la diversité humaine mais lorsqu’il s’agit de dissensions visant un gouvernement qui dérange l’ordre établi ou les intérêts occultes, les médias amplifient les faits nuisibles afin de le discréditer. Dans ce cadre, une station de radio montréalaise, rendant compte, hier, de la nouvelle de la mort, aux nouvelles de 18 h, a mentionné le seul fait que durant le gouvernement Chavez, le Venezuela a connu un fort taux de criminalité et cela sans donner ni argument, ni un seul chiffre pour étayer cette assertion. On croirait rêver : et quid des importantes avancées sociales dans ce pays, la meilleure répartition de la richesse, l’adhésion au chavisme de la majorité de la population, les positions justes et sans ambiguïté de Chavez sur la scène internationale? Et s’il est vrai qu’Hugo Chavez se faisait un devoir d’accéder aux aspirations populaires, il serait chimérique de croire qu’il lui fut possible d’établir un consensus absolu d’autant plus que dans cette matière, certains pays occidentaux n’ont rien à envier aux dictatures puisque, grâce à un système politique d’un autre temps, s’appuyant principalement sur le parlementarisme, leurs gouvernants accèdent au pouvoir avec, parfois, moins de 40% des voix.
Somme toute, si beaucoup de détracteurs vont se réjouir de la mort de Chavez pour ses prises de positions souvent controversées, il n’en demeure pas moins que l’héritage qu’il lègue à la postérité rejoint celui de tant d’autres révolutionnaires avant lui; le refus de l’ingérence des superpuissances dans les affaires internes des pays «tiers-mondistes» et le rejet de l’impérialisme sous toutes ses formes.
Amine F

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