«En 1976, le Maroc tirait au napalm sur les Sahraouis et l´Espagne regardait !»

La condamnation à de très lourdes peines des 24 indépendantistes sahraouis et l´expulsion mercredi de Casablanca des quatre eurodéputés qui voulaient se rendre à Al Ayoune pour se solidariser avec leur cause donnent lieu, régulièrement en Espagne, à des témoignages sur la tragédie que vit le peuple sahraoui depuis l´occupation de son territoire par le Maroc.
L´un de ces témoins est le lieutenant-colonel à la retraite, Tòfol Fuster, actuellement âgé de 71 ans. Il a effectué entre 1965 et 1970 une mission d´information à Mahbes, la «Mer intérieure» du Sahara occidental, non loin de la frontière avec l´Algérie, le Maroc et la Mauritanie. C´est la plus belle page de la vie de cet ancien officier supérieur qui était le seul Européen du contingent de méharis qu´il commandait. Des liens puissants sont nés avec la société nomade sahraouie.
Il se souvient que son affectation dans l´ancienne colonie espagnole avait pour objectif de surveiller cette partie de la province espagnole de l´époque, peu de temps après «l´invasion, en 1963, de Tindouf et Béchar», par l´armée marocaine, deux villes de l´extrême sud-ouest de l´Algérie qui venait à peine d´accéder à son indépendance. «Il y avait un cessez-le-feu, mais les incidents étaient fréquents dans la zone», dit-il, ce qui avait conduit l´Espagne à renforcer sa vigilance dans sa colonie.
Il raconte à la presse des Baléares comment s´est déroulée, à partir de 1976, l´occupation militaire par le Maroc de l´ancienne colonie espagnole, et les violations des droits de l´homme qui s´en sont suivies à ce jour. «Le Front Polisario avait été créé en 1973 pour réclamer l´indépendance du Sahara occidental vis-à-vis de l´Espagne. Au moins 28 attaques avaient été enregistrées entre 1973 et 1976 contre des intérêts de l´Espagne dans la zone, notamment ses activités de pêche», dit-il. Mais la vraie tragédie du peuple sahraoui est à venir. «Après la mort du général Franco, le gouvernement de Navarro Arías a cédé la colonie espagnole au Maroc sous la pression du puissant lobby économique marocain.
Les Sahraouis ont commencé alors à fuir massivement leur territoire envahi militairement après la «Marche Verte». Il se souvient : «Les enfants, les femmes et les vieillards qui se dirigeaient vers Tindouf ont été bombardés au napalm, alors que l´Espagne regardait de l´autre côté.»
«J´ai très mal vécu la situation de ces 170 000 Sahraouis qui étaient encore des citoyens espagnols. Ce fut pour mois (et pour tous les Espagnols, un choc très fort.» Depuis, cet ancien officier supérieur s´était converti en sympathisant et activiste pro-sahraoui. «Un peuple avec lequel j´ai vécu des moments extraordinaires qui me donnaient le sentiment que je vivais dans la peau de ‘ ‘Laurence d´Arabie’’.»
Ses souvenirs ont été ravivés par le dernier film «Enfants du Désert» qui vient d´obtenir le prix Goya, produit par le double Oscar du cinéma Javier Bardem, un autre militant de la cause sahraouie, comme lui et comme l´eurodéputé Willy Meyer qui vient d´être expulsé par les autorités marocaines. 
Hania A.

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