L’Algérie fonds de commerce médiatique
Il est de plus en plus facile de comprendre les objectifs de cette foison d’articles sur l’Algérie, même si elle n’en présente pas. A de très rares exceptions près, où l’ont peut trouver des informations ou une analyse construite et étayée, la plupart du temps il s’agit de la même grille qui est servie, avec les mêmes ingrédients, les mêmes acrimonies, les mêmes poncifs et rien derrière, sur les attendus. Les écrits les plus nombreux sont le fait de nationaux. Des nationaux dont la notoriété, paradoxalement, est faite là-bas, infiniment plus qu’ici. Ils sont relayés par la presse française, en particulier, qui ne se prive pas de sauter sur la moindre opportunité, d’utiliser la moindre fenêtre de tir, pour peu que l’occasion lui soit offerte.
La démarche est toujours catastrophiste et le style alarmiste prédit le cataclysme, sur fond de dramatisation savamment menée. Parfois, la recherche du sujet peut aller jusqu’à bafouer la ligne éditoriale. Par exemple, se mettre à s’intéresser au chômage et à se faire le défenseur de ses victimes, algériennes bien sûr. Le fait de journaux, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont ce qu’il y a de plus orienté sur la défense du système producteur de chômage, et les organes les plus acharnés dans les attaques contre les syndicalistes et tout ce qui porte atteinte aux intérêts de la ploutocratie. Les voilà qui s’inscrivent dans une démarche, pour le moins déroutante.
Les dernières sorties concernent les chômeurs «du sud», point. Il aurait été étonnant qu’ils se fourvoient plus largement, à travers l’Algérie. Leurs lecteurs comprendront et ne leur en voudront pas. Ils travaillent pour eux, ils savent qu’il faut parfois faire feu de tout bois, la fin justifiant les moyens. Ceci est venu après que ces mêmes chômeurs «du Sud» ont signifié haut et fort leur conscience des manipulations, au point que soit couvertes leurs revendications par les slogans nationalistes. Peut-être qu’ils ne les ont pas entendus ou qu’ils pensent qu’il est toujours possible de les pousser au pire, c’est-à-dire au meilleur pour eux.
D’autres thèmes seront trouvés, sans discontinuer, tant que ne sera pas atteint le but recherché. Un but qui ne se révèle pas et que personne ne tente de démasquer, soit parce qu’il est fastidieux de le faire faute de moyens, tant le flot est impressionnant, soit qu’aucune importance n’est donnée au phénomène, soit que la banalisation a fini de faire son œuvre. Pourtant, un certain agacement existe du fait de l’insulte à l’intelligence des choses et de la pollution des vrais débats qui ne trouvent pas à se mettre en place. Sans préjudice du dégoût que suscite le flot de contre-vérités qui se déversent. En attendant, le fonds de commerce semble plus que florissant et attire de plus en plus d’opportunistes, pour lesquels il suffit de s’inscrire dans la confortable position du chercheur de poux, qui n’a rien à risquer sauf de ne pas être lu, avec la perspective de se voir remarquer et d’être promu au rang de référence, promotion aux conséquences financières qui peuvent être, le cas échéant, assez consistantes pour que la réussite soit assurée.
N. R.
Le Jour d’Algérie, 24/03/2013
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