Le ministre des Affaires étrangères de la République arabe saharaouie démocratique (Rasd), Mohamed Salem Ould Salek, a accablé le Maroc, accusé d’être un bastion international de la drogue et créateur d’un groupe terroriste.
Lors d’une conférence de presse tenue, hier, au siège de l’ambassade de la Rasd à Alger, le ministre sahraoui n’a pas lésiné sur les qualificatifs, reprochant au Royaume chérifien d’avoir créé le groupe terroriste Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest).
«J’affirme qu’il n’y a aucun doute que le Mujao a été cuisiné à Rabat et que ses têtes sont à Rabat», a indiqué M.Mohamed Salem Ould Salek, accusant ses responsables d’être derrière l’enlèvement des diplomates algériens dans la ville de Gao (Mali).
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères n’a pas écarté, non plus, une éventuelle implication de ce groupe terroriste dans l’attentat qui a ciblé, le 16 janvier dernier, le site gazier de Tiguentourine à In Amenas.
Pour appuyer ses propos, le conférencier a expliqué que la capitale malienne «Bamako était devenue, notamment depuis 2006, la destination des officiers marocains pour organiser les réseaux de drogue avant la création du Mujao».
Le chef de la diplomatie sahraouie a accablé aussi le Maroc qui exploite la situation chaotique au Sahel pour écouler sa drogue dans la région.
Selon lui, le royaume, avec la complicité des officiers de police, de la gendarmerie, des services secrets et des forces armées, a inondé les pays de la région (Afrique du Nord et Sahel) de drogue, notamment depuis 2009, en raison de la consolidation, par l’Europe, du contrôle de ses frontières Sud. «Le Maroc s’est transformé en un bastion international de la production et de l’exportation de la drogue qui constitue, avec le terrorisme, deux faces d’une même monnaie», a-t-il indiqué.
Ce trafic de drogue à grande échelle au Maroc se répercute très dangereusement sur les familles algériennes dont des dizaines, voire des centaines de membres sont en prison à cause de la consommation ou de la commercialisation de la drogue.
«On s’étonne et on dénonce le fait que le gouvernement marocain impliqué dans ce travail criminel ait toujours le pouvoir de faire taire les institutions de certains pays qui savent bien que le Maroc produit et exporte la drogue», souligne encore le conférencier, indiquant que le Maroc utilise des avions et des bateaux pour l’exportation de ce produit.
Ce commerce constitue même un levier de l’économie marocaine. Selon le conférencier, les revenus du Maroc générés par le commerce de la drogue, ont atteint 25 milliards d’euros en 2012. M.Ould Salek précise que cet argent de la drogue est utilisé par le Royaume chérifien pour se payer le soutien international dans son occupation du Sahara occidental. Evoquant cette affaire de colonisation, le conférencier a fait un lien entre Israël qui menace la stabilité de la région du Moyen-Orient et le Maroc qui chercherait la déstabilisation de l’Afrique du Nord et du Sahel. «Le Maroc est comme Israël. Il ne respecte pas les frontières des pays voisins, il occupe les territoires du Sahara occidental en commettant des crimes contre l’humanité, il viole les droits des Sahraouis et menace la stabilité et la paix de la région», a martelé M.Ould Salek.
«Le pourrissement de la situation a des conséquences incalculables et désastreuses sur la région», a-t-il estimé, affirmant son soutien à l’émissaire de l’ONU, Christopher Ross. Pour lui, M.Christopher Ross, ne pourrait s’acquitter convenablement de sa mission tant que la France, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, continuera à soutenir le Maroc.
«M.Ross ne peut avoir de prérogatives ou de pouvoir de décision plus importants que ceux du Conseil de sécurité, dont la France en est membre permanent, et qui chaque fois a menacé d’user de son droit de veto», a soutenu M.Ould Salek.
Réitérant la position du Front Polisario qui veut un référendum pour l’autodétermination du Sahara occidental, le chef de la diplomatie sahraouie a dénoncé la politique de deux poids deux mesures adoptée par la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
«La France qui est intervenue au Mali pour préserver son intégrité territoriale, continuera-t-elle à soutenir le Maroc qui ne respecte pas l’unité territoriale du Sahara occidental?», s’est-il demandé, en appelant la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU à assumer leur responsabilité et d’oeuvrer pour mettre fin à l’occupation illégitime des territoires sahraouis.
Le conférencier a appelé, en outre, l’Union européenne à exercer une pression sur le Maroc pour qu’il respecte la légalité internationale.
Par Karim AIMEUR
L’Expression, 27/03/2013
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