Entre le discours et la pratique sur le terrain, il y a un grand décalage
«Le timing de ces campagnes de dénigrement est toujours dicté par des considérations de diversion lorsque le dossier du Sahara occidental connaît une évolution jugée défavorable aux thèses marocaines» affirme une source diplomatique.
L’agence de presse officielle marocaine insulte et injurie le peuple algérien. «Le pouvoir algérien, faisant fi des sollicitations de la société civile, ne se soucie guère de la dignité des citoyens algériens, ni de leurs cris de coeur, ni de leurs objections, ni de leur rejet viscéral de toute humiliation sous le regard du monde entier», rapporte le journaliste de la MAP qui doit pourtant se soumettre au rituel du baise-main lorsqu’il a le privilège de rencontrer son maître absolu. La MAP s’ensauvage.
Les relations entre l’Algérie et le Maroc ne sont pas près de s’apaiser. Les frontières entre les deux pays resteront fermées. L’agence de presse officielle du royaume a allumé le feu. Dès que ses maîtres l’ordonnent, la MAP aboie. Cela ne pouvait se faire sans le feu vert de notre ami le Roi. Lorsque l’Algérie lui est livrée en pâture. Elle est en proie à la schizophrénie. Démonstration.
Le «bras armé médiatique» de Sa Majesté s’est ému du sort réservé à des activistes algériens qui voulaient se rendre au Forum social mondial (FSM) de Tunis. Ils ont été bloqués à la frontière tunisienne. La MAP s’est saisi de cet «os» pour le ronger.
Le prétexte pour régler ses «comptes» avec l’Algérie. «Les autorités de ce pays (l’Algérie, Ndlr) ont interdit à quelque 200 militants du mouvement social algérien de participer à la grand-messe des altermondialistes, ouverte mardi en Tunisie», a rapporté ce média dans une de ses dépêches datée du 27 mars. Jusque-là rien de méchant. Le molosse s’est pourtant déchaîné. Enragé. Il a sorti ses crocs. Pour surtout sauter du coq à l’âne. «Comble de l’absurde, ces autorités ont, en revanche, mobilisé, encadré et financé avec l’argent du contribuable algérien des centaines d’officines obscures se réclamant des thèses séparatistes du «Polisario» pour aller ressasser un anti-marocanisme primaire au Forum social mondial (FSM) de Tunis», enchaîne la MAP. Le ridicule ne tue pas au point de piétiner son honneur. Toute honte bue, le pouvoir marocain le prouve. Où est passée la MAP lorsque Christopher Ross a été reçu par Mohammed VI après avoir été désavoué et considéré comme persona non grata par le pouvoir marocain? Où est-elle passée lorsque le département d’Etat américain a épinglé le Royaume chérifien sur la question des droits de l’homme et l’a blacklisté en ce qui concerne le trafic de cannabis et de cocaïne, le classant juste derrière…l’Afghanistan… Les gifles ont été retentissantes.
Le Makhzen les a encaissées sans broncher. Sa caisse de résonance est restée muette. Par contre, elle fait une poussée de fièvre dès qu’il s’est agi de la question du Sahara occidental.
«Le timing de ces campagnes de dénigrement est toujours dicté par des considérations de diversion lorsque le dossier du Sahara occidental connaît une évolution jugée défavorable aux thèses marocaines» affirme une source diplomatique algérienne. Que cherche Mohammed VI?
L’Algérie s’interroge. «Nous sommes à la fois surpris et consternés par l’extrême virulence de cette série de dépêches émanant d’une agence gouvernementale. Nous sommes, plus que jamais, fondés à nous interroger sur la volonté de nos voisins à s’engager dans un processus sincère de normalisation des relations entre les deux pays,» souligne ce haut responsable. «En définitive, cette campagne haineuse menée par la MAP nous renseigne sur la vacuité, pour ne pas dire duplicité, des messages d’apaisement réitérés par les officiels marocains qui se disent désireux de construire avec l’Algérie un «modèle de coopération bilatérale fondé sur le respect mutuel…» déplore-t-il.
Le chef du gouvernement marocain illustre parfaitement cette mauvaise foi et l’amalgame entretenu par le Makhzen entre la question du Sahara occidental et la réouverture des frontières. «Il n’y a pas de différend entre les peuples marocain et algérien. Si les frontières sont ouvertes, tout le monde se rendra compte que c’était un différend artificiel.
Nous espérons que ce jour-là ne soit pas lointain», avait déclaré Abdelilah Benkirane dans une interview publiée le 4 mars 2013 par le quotidien libanais Al Akhbar…La MAP vient de démontrer que ce n’est pas pour demain…
Lexpression, 31 mars 2013
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