Qu’ils soient de gauche ou de droite, tous les présidents qui se sont succédé à l’Elysée ont adopté la même ligne de conduite, celle du palais royal. Et ce n’est pas à François Hollande de changer la donne. En soutenant le Maroc sur un sujet controversé, l’occupation marocaine du Sahara occidental, la France ne fait que contribuer à perpétuer ce conflit qui arrange bien ses intérêts dans la région.
France au tournant. Changera-telle ses positions vis-à-vis de certaines questions internationales ? La question du Sahara occidental en premier lieu. Il n’en est rien finalement. Comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, le président français va réaffirmer l’appui de Paris au plan d’autonomie prôné par Rabat, considéré officiellement par Paris comme «une base sérieuse et crédible de négociations», même s’il est rejeté par le Front Polisario et la communauté internationale.
Ainsi, François Hollande va à contre-courant des résolutions de l’ONU. La position de la France reste inchangée, malgré les mises en garde lancées à la communauté internationale par Christopher Ross.
En visite à Alger le lundi 1er avril, l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a de nouveau qualifié «d’urgente» la résolution de ce conflit qui remonte aux années 1970, après l’annexion par le Maroc d’une partie du Sahara occidental. «La situation dangereuse dans la région du Sahel et son voisinage rend une solution plus urgente que jamais», a répété Ross à l’issue d’un entretien avec le Président Abdelaziz Bouteflika.
Avant de se déplacer en Algérie, l’émissaire de l’ONU s’était rendu au Maroc, et notamment au Sahara occidental où une répression aveugle a eu lieu le jour même à l’encontre des militants sahraouis. Après le rapport accablant de la Fondation Kennedy sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, c’est au tour de Human Rights Watch de saisir l’opportunité de la visite du président français au Maroc pour l’interpeller sur la question. Elle cite, notamment, la récente condamnation à de lourdes peines de prison, par une cour militaire de Rabat, de 25 Sahraouis pour le meurtre de membres des forces de l’ordre lors du démantèlement du camp contestataire de Gdem Izik, fin 2010.
C’est mu par ce souci d’arrêter ces exactions que le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a, dans une lettre adressée à François Hollande, affirmé que la position de la France à l’égard de la question sahraouie est un obstacle pour la paix et la sécurité. «Nous pensons, toutefois, qu’il n’est jamais tard pour la France de réviser une position qui est perçue aujourd’hui comme un obstacle pour les intérêts bien compris de la France qui sont ceux de la paix et de la justice», souligne M. Abdelaziz.
L’autre argument avancé par le président sahraoui pour conforter sa démarche est l’instabilité qui règne dans la région du Sahel et qui, sans la résolution du conflit sahraoui, aura des répercussions désastreuses sur la région du Maghreb. «Les leçons tirées des événements en cours dans la région voisine du Sahel confirment cette vérité», ajoute le président de la RASD dans sa lettre au chef de l’Etat français.
Loin s’en faut, la France «des droits de l’homme et des libertés» n’entend pas de cette oreille les appels des Sahraouis et de la communauté internationale. Le lobby promarocain de la France répète à qui veut l’entendre que la position de la France, par rapport au conflit du Sahara occidental, n’a pas changé. Pourtant, lors de sa visite en Algérie, le président François Hollande n’a pas manqué de souligner la position de la France. «L’ONU et rien que l’ONU», a-t-il martelé. Entretemps, son équipe répète que Paris «considère la proposition d’autonomie crédible pour une solution négociée ».
Un double langage qui discrédite le président français et perpétue le conflit en dépit des résolutions de l’ONU qui affirment le droit des peuples coloniaux à l’autodétermination et à l’indépendance.
M. A. M.
Le Jour d’Algérie, 6 avril 2013
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