François Hollande, qui a effectué une visite d’Etat de deux jours au Maroc, ne s’est pas écarté des fondamentaux de la politique étrangère française, en dépit de la pression qui a pesé sur lui suite au scandale de fraude fiscale impliquant l’ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. Sur la question du Sahara occidental, le locataire de l’Elysée a redit que le plan d’autonomie présenté en 2007 par le Maroc constitue «une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée».
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Les amitiés françaises du roi Mohamed VI sont sauves. Même si la France dit soutenir la démarche du secrétaire général des Nations unies pour un règlement politique acceptable, il n’en demeure qu’elle acquiesce, pour ne pas dire appuie, le plan marocain de large autonomie du Sahara occidental sous la souveraineté du royaume. «Le plan présenté en 2007 par le Maroc prévoit un statut de large autonomie pour la population» de cette région et «je le redis ici, c’est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», a clamé François Hollande au Parlement marocain. Un discours qui a fortement plu aux députés qui se sont levés pour l’applaudir chaudement.
L’appel, mardi, du Front Polisario, qui a demandé à la France de réviser sa position par rapport à la question du Sahara occidental, ne semble pas avoir été entendu. En phase avec le royaume sur l’essentiel, François Hollande pouvait, dès lors, se permettre d’égratigner le Makhzen, quoique de manière douce, sur les problématiques des droits de l’Homme et de la liberté d’expression. Interrogé à Rabat sur la situation des droits de l’Homme, le président français a répondu que «pour ce qui concerne le Maroc, je l’ai dit, c’est un processus lent qui a été engagé, qui a incontestablement eu des progrès pour la population, et pour la représentation du pluralisme ».
Pas de quoi irriter le roi Mohamed VI, en somme, même si Hollande semble dire que le Maroc peut mieux faire. Mieux encore, le président français a apprécié le retrait en octobre dernier d’accréditation du correspondant de l’AFP comme «un problème particulier.» «Ce que je dis aux autorités marocaines, et là aussi sans vouloir faire la leçon, c’est que la liberté d’expression, nous la connaissons, parfois nous l’éprouvons, mais c’est un principe fondamental de la démocratie», a-t-il affirmé.
Avant la visite de François Hollande au Maroc, des ONG, à l’instar de Human Rights Watch et RSF, avaient demandé au président français d’inciter le Maroc à garantir le respect des droits de l’Homme et de la liberté de la presse. Mais Hollande ne s’est pas rendu au Maroc que pour parler des droits de l’Homme. Il y était aussi pour conclure des affaires. Une trentaine d’accords et de contrats bilatéraux ont été signés durant la visite, pour un montant de 300 millions d’euros.
S. A. I.
Le soir d’Algérie, 6 avril 2013
Soyez le premier à commenter