Trois commentaires de Fouad Abdelmoumni

Voici quelques commentaires très intéressants de Fouad Abdelmoumen sur les derniers évènements au Sahara Occidental et la réaction du Maroc après l’annonce de la proposition de résolution américaine concernant la MINURSO.

-Au moins les institutions des droits humains sont unanimes pour exiger que la protection desdits droits soit partie intégrante de toute mission onusienne de maintien de la paix, y compris la MINURSO au Sahara. C’est une revendication ancienne de l’AMDH, de Amnesty et de Human Rights Watch. Malheureusement, les marocainEs sont quotidiennement soumisES au matraquage médiatique, et on leur fait croire aujourd’hui qu’il s’agirait là d’une ignominie, rien que parce que le palais a choisi de s’y opposer lorsque c’était une option lointaine. N’oublions pas que l’Etat marocain s’est aussi radicalement opposé au référendum, et qualifiait les marocainEs qui l’appuyaient de renégats et les mettait en prison pour délit d’opinion, avant que Hassan II ne change son fusil d’épaule et mette ceux qui refusaient le référendum en prison (Abderrahim Bouabid et consorts en 1981)…
– L’Espagne a rétrocédé ce qu’elle avait : l’administration du territoire, mais pas la souveraineté, que presque aucun Etat ne reconnaît au Maroc sur le Sahara Occidental, et surtout pas l’ONU. La question diplomatique aujourd’hui est : jusqu’où les grandes puissances pourront jouer la duplicité, en refusant le fait accompli marocain temporaire sans faire avancer une solution durable et légitimement admise. Le Maroc a joué la durée depuis toujours, mais les puissances internationales sont excédées de le voir bloquer toute avancée, à un moment où le conflit de la région n’est plus de très basse intensité vu l’instabilité de la région et le coût du « ni guerre ni pais ». Et le Maroc ne peut pas narguer les grandes puissances en refusant toutes avancées substantielles et en insultant leurs émissaires. Plusieurs donnes ont évolué : nouvelles administrations moins pro-marocaines à Washington et à Paris (et même à Madrid), moins de confiance aux régimes autoritaires de la région, plus de crainte de voir les indépendantistes ruer dans les brancards, inclusion des droits humains dans le mandat de l’intégralité des missions de paix (à part celle du Sahara Occidental, car mise en place avant l’adoption de cette démarche). Le Maroc ne peut plus refuser ce genre de modifications. Elles seront douloureuses car il ne pourra plus réprimer comme il le voudrait les Sahraouis qui manifesteraient pour l’indépendance et il ne pourrait plus prétendre que les réfugiés de Lahmada sont des séquestrés, mais ce ne serait pas dramatique, et il pourrait même en tirer profit car il a peut-être plus de capacité à s’adapter à la nouvelles situation que les pouvoirs d’en face…
– Ne jamais oublier que les puissances dominantes ont toujours entre les mains la capacité de faire migrer la question du Sahara Occidental vers le chapitre 7 de la charte des Nations-Unies, qui prévoit la possibilité d’utiliser la force contre toute puissance menaçant la paix et la stabilité. C’est pour empêcher une telle attitude que le Maroc reste doucereux avec tout le monde et qu’il préfère acheter les bonnes grâces des Etats-Unis (F5), de la France (TGV…) et du monde (recherche d’une solution de « ni vainqueur ni vaincu »), plutôt que de leur tenir le discours de consommation intérieure « Le Maroc est dans son Sahara et rien ni personne ne l’en fera jamais bouger… ».

Source : Facebook

Né en 1958, Fouad Abdelmoumni va suivre l’école primaire à Fès. Il se retrouvera à Casablanca pour la fin de ses études secondaires, aux lycées Ibn Toumert puis Mohammed V, où il obtient un bac sciences expérimentales en 1976. Il s’inscrira ensuite à l’Institut des études agronomiques et vétérinaires de Rabat.
Actuellement DG d’Al Amana, Fouad Abdelmoumni est un vieux routier des droits de l’homme. Il a fait plusieurs séjours à Derb Moulay Chérif et autres lieux de détention sans être ni jugé ni condamné.
En 1985, il reprend une vie normale et fera, en 1990, connaissance avec la microfinance.

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