Il ne reste pour le Makhzen que le soutien de l’Elysée qui aura, en revanche, beaucoup de peine à convaincre l’Oncle Sam à revoir sa feuille de route, d’autant plus que cette fois-ci, il s’est placé du côté de la victime : les Sahraouis. Il faut dire que la position des Américains n’a pas été aussi claire que cette fois-ci. Les shérifs du monde ont acculé les Chérifiens de l’Ouest.
Trois jours après que les Etats-Unis aient pris une mesure historique en élaborant un projet de résolution dotant la Minurso du mandat de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental, qui sera soumis au vote du Conseil de sécurité, c’est l’organisation non-gouvernementale Robert F. Kennedy qui vient d’épingler, via un rapport exhaustif, le Royaume.
Le document intégral intervient après le rapport préliminaire publié en septembre dernier qui avait été établi à l’issue d’une visite effectuée en août 2012 dans les territoires occupés du Sahara occidental par une délégation de RFK Center conduite par sa présidente, Kerry Kennedy, et composée notamment de juristes et d’experts mondiaux en matière de droits de l’homme ainsi que de l’ex-secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Erik Sottas. Face à cette évolution remarquable de la position US dans l’un des dossiers les plus vieux de la décolonisation, c’est aussi une cause « juste » qui gagne du terrain.
Il faut dire que les démêlés avec la Maison-Blanche ne sont pas nouveau. En mai de l’année écoulée, Mohamed VI s’est attiré les foudres des Faucons, lorsqu’il désavoua l’Américain Ross, en mission internationale. Historiquement, les Américains n’étaient pas toujours du côté des Marocains. A la fin des années 1980, ils n’étaient pas défavorables à l’émergence d’un Etat sahraoui indépendant. Une thèse défendue également en 2003 quand l’Oncle Sam a soutenu le Plan Baker II, par lequel les Sahraouis auraient bénéficié d’une autonomie, pendant une période de cinq ans, avant la tenue d’un référendum d’autodétermination incluant l’indépendance parmi les trois options soumises.
L’Administration Bush avait même promis au Front Polisario d’appuyer cette proposition au Conseil de sécurité. Mais c’était compter sans l’aval de la Fran ce qui brandissait le veto, en se rangeant du côté du Royaume chérifien En 2009, Washington s’est démarqué de la position marocaine. Obama n’a pas mentionné, dans sa lettre envoyée au Roi Mohamed VI, l’offre d’autonomie pour le Sahara occidental. Diplomatiquement, cela signifie que le président américain n’a pas soutenu le plan marocain. La question qui reste posée est de savoir si les Américains iront jusqu’au bout.
Par : Massinissa Boudaoud
Algérienews, 21 avril 2013
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