Le Maroc est quasiment démasqué par la communauté internationale. Son activisme « débordant » visant à annuler la dimension droit de l’homme dans la mission de la Minurso a provoqué la suspicion de nombreuses ONG qui, en allant voir d’un peu plus près ce qui se passe au Sahara occidental, ont découvert le véritable visage d’un royaume colonialiste et très peu regardant aux droits de l’homme, lorsqu’il s’agit des populations sahraouies. Les gesticulations du Palais royal, dans une tentative désespérée de maintenir le couvercle démocratique, auront eu un effet contraire.
C’est là une très grave erreur diplomatique de Mohamed VI et ses conseillers qui pensaient disposer éternellement du soutien de la France et des Etats-Unis.
Même si l’analyse du roi n’est pas totalement infondée, au sens où les grandes puissances n’ont rien à faire des histoires de droits de l’homme tant que leurs intérêts sont saufs dans une région du monde, il demeure que ces intérêts-là peuvent évoluer et prendre en considération des aspects plus stratégiques que de simples calculs immédiats.
Il semble donc que l’erreur du Maroc a été de compter exclusivement sur la « compréhension » franco-américaine, au point d’être totalement isolé sur les plans africain et méditerranéen.
Mohamed VI, comme son père Hassan II, s’est cru plus proche des occidentaux que des « indigènes » d’Afrique et d’ailleurs. Son comportement, depuis son accession au pouvoir, donnait la nette impression d’une volonté de se dissocier de ses racines pour s’offrir à l’occident. Pour se faire, il n’a pas hésité à faire concession sur concession, jusqu’à en perdre son identité.
Le deal était simple. Aux dirigeants occidentaux de flatter l’ego du roi et mettre sous silence le sous-développement caractérisé de ses sujets. En contre partie, le roi laisse les grands de ce monde se comporter comme chez eux dans les limites territoriales de son royaume. Mais il a oublié que les occidentaux et notamment les Américains et bientôt les Français n’ont que faire des largesses royales. Ils ont des desseins, eux. Et force est de constater que le moment de voir ailleurs est arrivé par eux. Mohamed VI, c’est déjà du passé.
La Tribune des Lecteurs, 21 avril 2013
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