Plus de deux décennies après les accords de paix de septembre 91, prévoyant au bout d’une année la tenue d’un référendum d’autodétermination, l’espoir renaît. Dans la dernière colonie africaine, dûment inscrite dans l’agenda onusien dans le chapitre des territoires non autonomes, le retour de la confiance, entamée par la volonté de perpétuer un ordre colonial anachronique et la complaisance avérée des puissances tutélaires avides de marchés juteux, remet sur orbite un processus dévoyé et dérouté de ses fondements légaux.
Par Larbi Chaabouni
Deux décennies d’errements et de reniements du Maroc outrancièrement engagé dans le déni légal et de la légitimité sahraouie, reconnue pourtant de jure et de facto dans les négociations avortées de Houstan I et II et de Manhassat, usant des artifices qui font croire au fils, imbu du plan d’autonomie, les vieilles chimères mortes et enterrées du défunt souverain abandonnant de guerre lasse le rêve perdu du « référendum confirmatif ».
Deux décennies d’engagement en faveur de la paix que la jeune République sahraouie et le Front Polisario ont érigé en choix stratégique et en dogme quasi immuable, privilégiant la mobilisation et la lutte par des moyens pacifiques, lorsque la répression au quotidien dans les territoires occupés et la violence coloniale ont consacré l’autre Ghaza du génocide silencieux, de la torture institutionnalisée et des pires sévices jamais exercées sur un peuple sans défense. Au cœur de la tragédie coloniale, la bataille des droits de l’Homme, consacrée par le recours aux manifestations pacifiques dans les territoires occupés, ont fait vaciller dans ses certitudes les plus ancrées l’occupant marocain submergé par la déferlante du « printemps sahraoui », en prélude au mouvement de révolte dans le monde arabe.
Au banc des accusés, le Maroc colonial est désormais l’expression antinomique de la revendication démocratique et humanitaire portée à bout de bras, sous d’autres cieux, par les puissances occidentales alliées excellant dans l’art de pratiquer la démocratie à double standard. L’enfer du camp Gdeim Izik, provoquant des émeutes dans la plupart des villes du Sahara occidental occupé, a profondément laminé le fameux mythe de la « marocanité » des provinces du Sud et conforté une rupture radicale avec les composantes de la société sahraouie, notamment la jeunesse et la famille des humanitaires, en quête de meilleurs conditions de vie, de reconnaissance identitaire et, bien sûr, politique s’agissant du droit consacré à l’autodétermination et à l’indépendance.
De la 1re Intifada (septembre 1999) à la seconde intifada (mai 2005 jusqu’au début de l’année 2006), la volonté de résistance a mué dans des formes de lutte inscrites, aujourd’hui, dans les campements de la protestation généralisée contre la marginalisation sociale (emploi, logement, taux de chômage très élevé) et politique. Osman, un jeune témoin privilégié de Gdeim Izik, incarcéré plusieurs mois, dresse le tableau noir de la condition sahraouie. « Les jeunes Sahraouis… deux mots liés au désespoir, au manque d’opportunité et au chômage. Nous n’avons pas de travail dans les mines de phosphate, ni dans la pêche, l’assistance sociale favorise les colons marocains, l’accès à l’éducation et, surtout, la formation universitaire est pleine d’entraves…Nous, les jeunes, nous avons l’impression que le but est de nous appauvrir, de nous marginaliser jusqu’au point d’accepter la situation. C’est un jeu de pouvoir et de résistance. Si tu veux manger, travailler, avoir une vie digne, tu dois renoncer à tes idées. Si tu ne le fais pas, tu es destiné à la pauvreté, à passer toute ta vie en prison ou à la migration irrégulière », dit-il dans un entretien réalisé à Madrid le 11 septembre 2011 (CNRES, l’année du Maghreb).
Gdeim Izik a été le puissant mouvement révélateur de l’injustice coloniale dans toutes ses formes décriée par les organisations des droits de l’Homme. Cette réalité longtemps occultée a refait surface à la faveur de la visite tumultueuse de l’émissaire onusien, Christopher Ross, effectuée pour la première fois dans les territoires occupés. Une visite rédemptrice qui a contribué à briser le mur du silence imposé à la société internationale, privée de toute liberté de circulation, et, surtout, rétabli la force de la légalité sur le déni colonial gravement appliqué, y compris à la Minurso mise en coupe réglée et sous étroite surveillance.
Dans le bras de fer avec les autorités coloniales que l’émissaire onusien a brillamment remporté, l’Onu, qui retrouve sa voie originelle, fait consensus dans le traitement de la question des droits de l’Homme sahraouis au centre de la session du conseil de sécurité du 22 avril 2013. Cette exigence sera ainsi formulée par le secrétaire général de l’Onu, appelé, selon certaines informations parues dans la presse internationale, à insister, dans son discours inaugural, sur « le besoin nécessaire et urgent pour une supervision impartiale, indépendante, globale et durable de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental ». Elle rejoint également la proposition américaine de résolution, proposée au groupe des « Amis du Sahara occidental ».
L’initiative de Washington vise, outre la prorogation du mandat de la Minurso d’un an, la constitution d’une « composante de surveillance des droits de l’Homme pour le Sahara occidental ». La revendication de l’élargissement de la mission onusienne, plaidée par le Polisario, trouve sa juste consécration dans l’accomplissement des droits fondamentaux du peuple sahraoui.
La bataille réussie des droits de l’Homme fragilise le Maroc accablé par le rapport de l’émissaire onusien et le verdict sans complaisance des organisations internationales, régionales et continentales, à l’image de HRW (Human Rights Watch), Amnesty, du rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la délégation onusienne aux droits de l’Homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Toute la famille humanitaire unie dans la dénonciation des violations commises à l’encontre des populations sahraouies des territoires occupés.
Dans un nouveau rapport, publié vendredi 19 avril 2013, l’ONG américaine, Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (RFKennedy Center), est revenue sur l’urgence de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, relevée déjà dans un rapport préliminaire publié en septembre dernier à l’issue de la visite mouvementée de la délégation d’experts mondiaux et de juristes. « Des centaines de milliers de vies sont en jeu et nous ne pouvons pas attendre plus », a affirmé Mme Kennedy qui a déploré la persistance des violations marocaines « sous le regard des forces de la paix des Nations unies ». A l’approche de l’examen de la question sahraouie par le Conseil de sécurité, l’appel de RFKennedy Center conforte la « mesure historique » des Etats-Unis. « Si l’Onu veut faire valoir que les droits de l’Homme constituent un pilier de ses missions, les membres du Groupe des « Amis du Sahara occidental » et le Conseil de sécurité doivent créer un mécanisme au sein de la Minurso lui permettant de recevoir, d’enquêter et d’instruire les plaintes individuelles », précise le directeur des partenaires de RFKennedy, Santiago Canton.
Au pied du mur, le Maroc vit le temps de l’isolement international davantage accru par le lâchage en règle de ses alliés les plus sûrs. Sur les traces de Washington, Paris n’entend pas bloquer le projet de résolution. L’agence Reuter à Londres, citant une source, a indiqué qu’il est « peu probable que la France, protecteur traditionnelle du Maroc au Conseil de sécurité de l’Onu, utilise son droit de veto une proposition américaine qui prévoit de confier au casques bleus la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. Acculé dans ses derniers retranchements, Rabat fait feu de tout bois. Le Roi a convoqué le gouvernement, le Parlement et les forces politiques pour décréter le « consensus national » ébranlé par le consensus onusien en gestation. Il a procédé à l’annulation des manœuvres conjointes américano-américaines. Des délégations sillonnent les capitales pour tenter de vendre une cause abandonnée de tous.
Le Royaume, présenté par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, comme le terrain de prédilection de la drogue et « l’un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel », est aux abois. Pour toute alternative, le recours à la diversion est la seule chose la mieux partagée pour cultiver la cécité politique et historique qui lui permet de continuer à ignorer ce que le monde reconnaît comme une réalité devenue incontournable.
Horizons, 21 avril 2013
Laissez moi rire, depuis quand l onu est une organisation crédible? l ONU n'a et ne reglera jamais un conflit, c'est carrément contre les prérogatives de l ONU.Les Etat Unis de Obama est un pays girouette gouverné par les lobbys, la France est un pays vassal …les chinois et les russes ils doivent d'abord balayer devant leur porte, la preuve ils ont rien apporté aux Sahraoui. Aucun pays africains n'est souverain pour décider de quoi que ce soit, le Maroc le petit protégé de la France a gagné cette bataille mais pas la guerre. Mais disons que finalement le Sahara Occidentale revient a la France en fin de compte, je comprends que les occidentaux se rallient sur la position française, il y a des compagnies occidentales qui opèrent dans ce territoire occupé. Mais de qui se moque t on!deux remarques concernant l Algerie: l Algerie n'est mentionné dans ce conflit que de maniere negative? ( par la presse propagandiste marocaine, que fait Alger et sa diplomatie?Et pourquoi l Algerie garde un profile bas et lisse, et pourquoi n'est -elle pas part de cette négociation de facon directe? apres tout c'est l Algerie qui a aidé le peuple Sahraoui depuis des décennies!!!!