La « victoire morale » de la RASD se dessine. Aujourd’hui, la proposition américaine, légèrement remaniée, a consacré la légitimité du combat sahraoui, reconnu à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, appelé à se prononcer sur l’avant-projet de résolution portant sur le renforcement des droits de l’Homme au Sahara occidental.
Même si, de ce fait, la Minurso reste la seule mission de paix onusienne qui n’est pas encore dotée de mécanisme de surveillance, l’avancée est, toutefois, tangible. Une perception claire du drame humanitaire, fondé sur le déni colonial, caractérise le consensus mondial en gestation, y compis parmi les alliés les plus fidèles du Maroc. Cette réalité, placée en porte-à-faux avec la mondialisation des valeurs humanitaires et démocratiques, a été clairement dénoncée par la famille des organisations internationales de défense des droits de l’Homme et, également, par l’envoyé spécial de l’ONU chargé de la lutte contre le terrorisme, qui ont fait état des actes de torture, des disparitions, des détentions et des jugements arbitraires pratiqués à large échelle par l’occupant marocain, désormais, mis au banc des accusés. C’est le cas, notamment, du département d’Etat qui, dans son rapport 2012, a dénoncé les multiples et massives violations des droits de l’Homme.
Pour la première fois, la visite dans les territoires occupés de l’émissaire onusien, Christopher Ross, a contribué à lever le voile sur le génocide à huis clos d’un peuple en lutte par la voie pacifique pour la reconnaissance de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est dire que, si «l’initiative américaine reste à l’ordre du jour», le Maroc est sous la pression de la communauté internationale, mieux éclairée sur « le vrai visage » de la barbarie coloniale. « C’est une manière d’avertir les Marocains que la communauté internationale surveille davantage la situation au Sahara occidental », estime un diplomate qui relève la nette progression de l’ONU, demandant et contractant l’engagement solennel pour le respect des droits de l’Homme sahraoui, alors qu’elle s’est contentée, l’année dernière, d’un simple appel à une « amélioration de la situation ».
Cet engagement s’interprète, selon le représentant sahraoui à l’ONU, Ahmed Boukhari, comme « un grand soutien à la lutte pour la liberté du peuple du Sahara occidental occupé » et le refus ancré, notamment américain, de la politique de deux poids, deux mesures pratiquée par certaines puissances soucieuses de préserver leurs intérêts économiques et commerciaux conclus avec l’occupant marocain. Pour le représentant sahraoui, « l’initiative américaine restera dans le radar, aujourd’hui et demain, et ne va pas disparaître dans le cadre du suivi par le Conseil de sécurité de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental qui sont bafoués d’une manière systématique et cruelle par le Maroc ».
La question incontournable des droits de l’Homme fonde l’urgence ainsi reconnue de la relance du processus de négociations pour dépasser le statu quo jugé inacceptable et improductif. Car, pour le Front Polisario, aussi légitime que soit la dimension humanitaire, cette approche nécessaire et insuffisante, ne saurait se substituer au principe cardinal des « négociations directes » entre les deux belligérants. La bonne foi du partenaire sahraoui, alliée à la volonté de paix jamais démentie, le prédispose à un engagement immédiat en faveur d’un processus « intensifié et assorti d’un délai » mandaté par le Conseil de sécurité et placé sous l’égide de l’envoyé onusien, Christopher Ross.
Larbi Chaabouni
Horizons, 25 avril 2013
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