La Mauritanie et le Maroc ont beau fait pour médiatiser leurs présumées excellentes relations, mais la réalité serait toute autre.
Jamais le royaume chérifien n’aurait mobilisé autant de personnalités, en un temps record -dont son chef de gouvernement dépêché hier auprès de la Mauritanie pour assurer l’impossible rapprochement-, même pour le plus précieux mais difficile rêve à concrétiser de Rabat, que représente l’obtention d’un soutien dans le plan d’annexion ou d’autonomie du Sahara Occidental sous protectorat du Royaume.
Mercredi, Nouakchott défilait le tapis rouge pour le Premier ministre marocain Abdel Ilah Benkirane, en visite pour cicatriser les profondes plaies qui minent depuis quelques mois les rapports tendus entre Nouakchott et Rabat, ainsi que pour présider les travaux de la commission mixte entre les deux pays.
Le retour du chef du gouvernement chérifien dans son royaume, serait probablement, malgré les assurances faites par les autorités mauritaniennes et les accords importants signés dont la suppression du visa pour le Maroc, sans suite, si l’on se réfère aux enseignements des querelles historiques et permanentes entre ces deux voisins vieilles de plus de trois décennies.
Précédés par plusieurs autres officiels chérifiens qui ont défilé un à un devant le palais brun, le Premier ministre marocain, aux déplacements limités comme le Roi, s’est rendu à Nouakchott pour jouer les pompiers face à des relations mauritano-marocaines au plus bas de leur niveau.
En effet, ce ballet officiel marocain, qui s’effectue par intermittence avec un autre en parallèle mené par les algériens, ne serait que le fruit d’une bataille géostratégique et diplomatique sur le Sahara Occidental où le soutien de la Mauritanie demeure décisif.
Mais Nouakchott, fidèle à sa position traditionnelle continue d’observer la neutralité dans un conflit où la donne internationale serait actuellement en défaveur des marocains après avoir été de longues années durant favorable aux marocains.
En effet, si l’on fait une relecture des appréciations faites par les observateurs sur les plus récents rapports de l’émissaire onusien sur ce dossier, on constate les inquiétudes de Rabat face à une affaire qui ne supporte l’absence de soutiens de poids à l’instar de la Mauritanie.
Ce pays qui avait entretenu des liens très privilégiés avec le Maroc, mais qui a commencé à prendre des distances de Rabat à partir du coup d’Etat de 1978 contre le premier président Mokhtar Ould Daddah. Depuis, le Royaume tente tant bien que mal de récupérer sa position d’antan, allant même selon des analystes à liquider dans l’incognito et par des techniques irréprochables les personnalités mauritaniennes qui manifesteraient à l’instar d’El Marhoum Ould Bouceif une ferme opposition à leur occupation des territoires sahraouis.
Ould Abdel Aziz, fin politicien, préférant assurément garder des rapports moins tendus avec le Royaume, maintient ses réserves sur cet Etat qui, s’il n’a pas la main trempé dans les principales sources de nuisance à son régime, tente par tous les moyens de le charmer pour le plier au même titre de chefs d’Etat subsahariens à sa politique dans la sous-région. Des tentatives qui restent jusque là sans succès, mais point de perdre courage, le Maroc fera tout pour séduire Nouakchott, coute à penser à d’autres moyens, si le défilé des plus grands officiels chérifiens s’avère peu concluant.
Md O Md Lemine
Le Rénovateur le 25/04/2013
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