Le Conseil de Sécurité vient d’adopter la résolution autorisant le prolongement pour un an du mandat de la Minurso. Il souligne la nécessité de « mesures indépendantes et crédibles » pour protéger les droits de l’homme mais ne prévoit aucun mécanisme international au Sahara et à Tindouf.
Le Conseil de Sécurité a adopté ce jeudi à New York une résolution autorisant le prolongement pour une année du mandat de la Minurso («Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental»). Le texte final est quasiment le même que l’année dernière, appelant les deux parties à poursuivre leurs efforts en vue de «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies».
Au Maroc, cette résolution est perçue comme une « victoire ». Un communiqué lu par le porte-parole du Cabinet royal, Abdelhak Lamrini, indique que « Le Royaume du Maroc prend note avec satisfaction de cette résolution qui confirme, avec vigueur, les paramètres incontournables de la solution politique, préserve fortement les perspectives d’une relance prometteuse des négociations et clarifie, de manière précise et définitive, le cadre de traitement des autres aspects de ce différend régional. »
« Mettre au point et appliquer des mesures crédibles et indépendantes »
Concernant les droits de l’homme, objet des négociations ces derniers jours, la résolution du Conseil de Sécurité souligne « qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf ». Comme l’année dernière, le Conseil juge que ces droits ne sont pas respectés. Il engage « les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international ».
Après la marche arrière des Etats-Unis ces derniers jours, aucun mécanisme international de surveillance n’est toutefois évoqué dans la résolution finale.
Libre accès de la Minurso
La Conseil de Sécurité redemande de prendre en considération sa requête pour un recensement des réfugiés sahraouis de Tindouf. Il appelle également les deux parties à coopérer pleinement avec la Minurso, notamment en respectant la libre interaction entre la Mission et ses interlocuteurs et en lui accordant un accès immédiat et sans entrave dans le cadre de son mandat. C’est le Maroc qui semble ici visé, après les accusations d’espionnage portées officiellement par Ban Ki Moon en 2012 contre Rabat et l’interdiction d’accès au camp de Gdim Izik en 2010. Si les drapeaux marocains qui entouraient le bâtiment de la Minurso à Laâyoune ont tous (sauf un) été retirés récemment, le problème des plaques d’immatriculation des véhicules de la Minurso est aujourd’hui toujours en cours de négociations (Rabat leur impose des plaques marocaines sur la partie du territoire contrôlée par Rabat, une mesure contraire au règlement de l’ONU).
« Réalisme et esprit de compromis », comme en 2008
La résolution votée aujourd’hui par le Conseil de Sécurité demande aussi au Maroc et au Polisario d’appuyer la recommandation faite par le Conseil en 2008, selon laquelle « il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin de maintenir l’élan imprimé au processus de négociation».
Un câble diplomatique américain publié par Wikileaks et daté d’avril 2008 révèle que cette résolution était en fait le fruit d’un désaccord entre les Etats-Unis et la France : le gouvernement Bush souhaitait accélérer la résolution du conflit en qualifiant l’option d’indépendance d’ «irréaliste». Les Français avaient toutefois refusé de soutenir cette proposition à cause, selon les diplomates américains, du poids du lobby algérien en France.
Lakome, 25 avril 2013
Lire ici le projet final de résolution US adopté aujourd’hui par le Conseil de Sécurité (en français)
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