Manifestation à Bojador célébrant la Résolution 2099 du Conseil de Sécurité de l’ONU, 26 avril 2013 |
Le conseil de sécurité de l’ONU a adopté, le 25 avril, une nouvelle résolution (2099) dans laquelle il réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination sans avoir élargi les prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme.
Le texte adopté jeudi a pratiquement «satisfait» les deux parties en conflit (Maroc et Front Polisario). La nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental a le mérite de souligner «l’attachement du Conseil (de sécurité de l’ONU, Ndlr) au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme fondement de la solution politique au conflit créé par l’occupation marocaine…», a estimé Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l’ONU.
L’Algérie, qui soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination dans le cadre de la légalité internationale «accueille avec satisfaction l’adoption, ce jour, par le Conseil de sécurité de la résolution sur le Sahara occidental», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani qui a souligné «la vigilance manifestée par la communauté internationale sur la question de la protection et l’observation effective des droits de l’homme au Sahara occidental…».
L’Algérie «continuera d’apporter sa contribution à ce processus de décolonisation qui relève de la seule responsabilité des Nations unies», a affirmé le porte-parole du MAE.
Le Maroc qui n’est pas sorti indemne sur la question de la violation des droits de l’homme crie pourtant victoire: le projet présenté par les Etats-Unis pour doter la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme n’a finalement pas été retenu. Cela signifie-t-il pour autant que ce dossier a été mis au placard? Que dit à ce propos la résolution 2099 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée, à l’unanimité, le 25 avril? Elle appelle à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», elle insiste cependant, au contraire de celles qui l’ont précédée sur «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc. Comment a-t-elle été perçue du côté de Rabat: «Le Royaume du Maroc prend note avec satisfaction de cette résolution qui confirme, avec vigueur, les paramètres incontournables de la solution politique, préserve fortement les perspectives d’une relance prometteuse des négociations et clarifie, de manière précise et définitive, le cadre de traitement des autres aspects de ce différend régional», a indiqué, jeudi, un communiqué du Palais royal, lu par son porte-parole, Abdelhak Lamrini. Il faut dire que le Maroc a échappé à la correctionnelle. Le pouvoir marocain était dans la ligne de mire des Américains sur la question de la violation des droits de l’homme.
Les ONG internationales et locales «continuent à signaler les abus contre les indépendantistes sahraouis… la torture est pratiquée généralement lors des détentions provisoires», a relevé le département américain dans un rapport sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, publié le 19 avril et qui a mis en exergue des types de violences humiliantes pratiquées par les forces de répression marocaines pour arracher des aveux aux détenus sahraouis. Des rapports accablants du Centre Robert-Kennedy pour la défense des droits humains, d’Amnesty International, d’Human Rights Watch, de l’envoyé spécial de l’ONU contre la torture, ont montré l’usage de cette pratique contre des militants sahraouis arrêtés.
Dans la foulée, Washington a présenté un projet pour mettre en oeuvre un instrument onusien de protection des droits de l’homme. Rabat a tremblé pendant des jours.
Cette initiative, que les USA tiennent désormais sous le coude, sonne comme un avertissement…
Mohamed TOUATI
L’Expression, 27 avril 2013
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