Le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental désavoué par l’ONU

Aminatou Haidar avec deux membres d’Amnesty International qui
ont rencontré des victimes de l’intervention  policière marocaine du
26 avril 2013 à El Aaiun
Bien que non contraignante, la résolution que le Conseil de sécurité a adoptée, jeudi dernier, au sujet de l’affaire du Sahara occidental, rejette explicitement le statu quo et implicitement le plan marocain d’autonomie du territoire. Seule solution, préconise, de nouveau, l’Onu : l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum. 
Le Marocain Allal El Fassi, qui avait formulé, en 1946, la revendication marocaine sur d’immenses territoires, déclarait, en juin 1956, dans le journal de son parti Istiqlal, El Alam (Le Drapeau), à propos des territoires sahariens : «Si l’on doute que les populations [de ces territoires] refusent, dans leur unanimité, de revenir au sein du Maroc, on pourrait organiser une consultation des Maures eux-mêmes.»
Le vœu de ce grand nationaliste marocain vient, une nouvelle fois, d’être exaucé par le Conseil de sécurité des Nations-Unies lequel affirme, dans la résolution 2099, que le «statu quo [n’était] pas acceptable», reprenant les propos de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu, Christopher Ross. Cette affaire de décolonisation, la dernière en Afrique, dure depuis, bientôt, 50 ans. 
En effet, le Comité spécial des Nations-Unies examine la question du «Sahara espagnol» en 1964. Et dans la résolution qu’il adopte, le 16 octobre, le Comité de décolonisation de l’organisation internationale se prononce pour la décolonisation du territoire. Cette position est réitérée, à maintes reprises, sans que ni l’Espagne, puissance tutélaire, ni le Maroc, qui lui succède, ne se plient aux directives des instances internationales qui n’ont cessé de souligner «la nécessité de consulter la population sahraouie sur son avenir politique dans les conditions exigeantes de liberté et d’authenticité». 
De très nombreuses invitations avaient été adressées à l’Espagne en vue «d’arrêter le plus tôt possible, en conformité avec les aspirations de la population autochtone du Sahara occidental et en consultation avec les gouvernements marocain et mauritanien et toute autre partie intéressée [visant l’Algérie sans la nommer], les modalités de l’organisation d’un référendum qui sera tenu sous les auspice de l’Onu afin de permettre à la population autochtone du territoire d’exercer librement son droit à l’autodétermination». 
Ce droit est, une fois de plus, réaffirmé par le Conseil de sécurité qui propose une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». 
Malgré le soutien que la France lui a apporté, le plan d’autonomie que le Maroc promeut comme unique moyen de sortir de la crise n’a pas été pris en considération par le Conseil de sécurité qui met Paris en porte à faux. Lors de son voyage au Maroc, au début du mois d’avril, François Hollande présentait ce plan comme la panacée, déclarant devant le Parlement marocain que ce plan était «une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», escamotant ainsi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les résolutions pertinentes des Nations-Unies exigeant l’organisation d’un référendum. 
Une pierre a également été jetée dans le jardin de la France qui a éludé les atteintes aux droits de l’homme au Sahara occidental. La nouvelle résolution rappelle «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans ce territoire occupé. 
Si le Conseil de sécurité a réaffirmé des principes intangibles, il a pris la décision, que la monarchie marocaine redoutait, de proroger d’un an le mandat de la Mission des Nations- Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) jusqu’au 30 avril 2014. 
Brahim Younessi
Mon Journal, 26 avril 2013

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