Les EEUU réculent et le Sahara Occidental reste sans mécanisme de surveillance des droits de l’homme

Un projet de résolution sur le Sahara Occidental présenté par l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies a fait sonner l’alarme à Rabat la semaine dernière. L’initiative américaine envisageait d’élargir le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour qu’il puisse surveiller le respect des droits de l’homme par le Maroc mais aussi par le Front Polisario, qui contrôle la frange orientale de ce territoire et les camps de réfugiés de Tindouf (l’Algérie).
Cette initiative, applaudie par des prestigieuses ONG de droits de l’homme tels qu’Amnesty International et Human Rights Watch, a été rejetée par la France, la Russie l’Espagne et, bien sur, par le Maroc qui a même annulé un exercice militaire conjoint avec les États Unis.
La résolution qui a été finalement adoptée est un triomphe diplomatique de Rabat, qui avait dénoncé une ‘instrumentalisation des droits de l’homme’, avec le soutien de quelques ONGs. Il s’agit d’une résolution diluée et édulcorée qui élargie le mandat de la mission de l’ONU mais qui la préserve comme une des rares missions de l’ONU dans le monde sans mandat dans le domaine des droits de l’Homme.
Le conflit du Sahara remonte à 1975, quand une Espagne en transition n’as pas été capable de gérer la perte d’une colonie qui pendant presque quarante ans a lutté a la fois militairement (jusqu’en 1991) et diplomatiquement. En effet, le Front Polisario a du lutter au début contre le Maroc et la Mauritanie, une guerre pour laquelle avait le soutien de l’Algérie. L’absence d’une solution pour ce conflit qui dure déjà presque quarante ans a deux causes essentielles : les positions antinomiques des Marocains et des Sahraouis, d’une part, et les enjeux économiques et géopolitiques d’autre part (1).
En effet, le Maroc s’est toujours opposé à tout processus référendaire basé sur l’autodétermination et les positions restent irréconciliables. L’ « autonomie » que le Maroc offre est rejetée par les sahraouis qui se sont même engagés, en cas d’indépendance, à offrir au Maroc des avantages sur le plan économique et culturel.
Concernant les enjeux économiques, le Sahara Occidental est un territoire très riche en phosphates (le territoire possède les deuxièmes réserves mondiales après la Chine) et en ressources halieutiques (pêche) . L’Union Européenne participe à cette exploitation, grâce à l’accord de pèche avec le Maroc. En outre, il faudrait y ajouter des futurs revenus de pétrole, qui sont en ce moment en cours de prospection.
Les enjeux géopolitiques sont diverses et ils ont beaucoup évolué depuis le commencement du conflit, en particulier la position des États Unis, qui veulent actuellement voir ce conflit résolu le plus tôt possible. En effet, si au début, l’évolution de la Guerre Froide marquait le rythme du conflit, aujourd’hui c’est la lutte antiterroriste au Maghreb-Sahel qui pousse les américains à trouver une solution.
Pour l’instant, sa dernière initiative n’a pas été bien accueillie par le reste des acteurs.
Félix Pernas Ramírez
(1) LE CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL : ENJEUX REGIONAUX ET INTERNATIONAUX. YAHIA H. ZOUBIR
http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/art_yz.pdf
MEDEA, 27 AVRIL 2013

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