Conflit du Sahara Occidental et réouverture des frontières
Alger répond à Rabat
L’Algérie n’a visiblement pas apprécié l’interprétation tendancieuse de la résolution de l’ONU sur le Sahara occidental faite par le Maroc. Par le biais d’un haut fonctionnaire, le gouvernement algérien répond au Palais Royal en le mettant face à ses « mensonges ».
Décortiquant la déclaration de Abdelhak Lamrini, porte parole de Mohamed VI, ce fonctionnaire parle de « confusion » entretenue et voulue par le Palais royal. « Cette déclaration évoque fallacieusement un différend régional alors que les deux parties en conflit sont clairement déterminées dans toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale : à savoir le royaume du Maroc et le Front Polisario, en tant que seul représentant légitime du peuple sahraoui », a-t-il précisé, affirmant qu’à aucun moment la résolution de l’ONU n’a fait référence à une autre partie. « L’interpellation de l’Algérie est totalement arbitraire et injustifiée: elle se fonde sur une lecture volontairement biaisée et tendancieuse. Le nom de l’Algérie n’est évoqué nulle part dans la résolution car il revient, à titre principal, aux parties en conflit et non pas aux pays voisins, à s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle », a-t-il dénoncé, considérant ainsi que « ces tentatives d’impliquer l’Algérie à travers une telle lecture, dont le caractère erroné et unilatéral n’échappe à personne, resteront, comme par le passé, vaines et sans lendemain ».
Il regrette dans ce sillage que le Palais royal mette en avant la «prééminence » de l’initiative sur l’autonomie comme base de travail du Conseil de sécurité. Ce qui est archifaux. « En vérité, le conseil de sécurité met, systématiquement et dans toutes ses résolutions, sur le même pied d’égalité la proposition marocaine et celle présentée par le Font Polisario au Secrétaire Général de l’ONU, le 10 avril 2007 », a –il encore souligné.
Le responsable a également souligné le caractère «erroné » de la déclaration du Palais royal sur les réfugiés assurant que le conseil de sécurité demande que soit « envisagé » l’enregistrement des réfugiés mais en même temps, et c’est le plus important, il engage les deux parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des « mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’Homme en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international ».
Pour Alger, il est bien clair que le Conseil de sécurité souligne «l’impérieuse nécessité d’améliorer la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés ». Alger rejette et récuse ainsi « tout amalgame factice et tout lien artificiel établi entre la question du Sahara occidental, qui est et demeure une question de décolonisation reconnue et enregistrée en tant que telle par l’ONU, et le contexte sécuritaire régional ou la coopération sous régionale au niveau du Maghreb qui ne peuvent pas servir de prétextes à un déni de justice».
Sur la question de la réouverture des frontières avec le Maroc, Alger pose clairement ses conditions. « Nos amis marocains savent pertinemment qu’il existe trois questions principales qui joueront en faveur ou en défaveur de cette réouverture et que la balle est dans leur camp », a affirmé vendredi un haut responsable algérien, en répndant à la déclaration faite jeudi dernier par le ministre des Affaires étrangères marocain, Saadedine Al Othmani, sur la BBC. Le chef de la diplomatie marocaine a indiqué qu’il ignorait les conditions d’Alger pour la réouverture de la frontière. Et Alger les lui rappelle sans attendre. Trois conditions sur lesquelles l’Algérie ne reviendra jamais. Tout d’abord, l’arrêt de la campagne médiatique de dénigrement et l’attitude agressive vis-à-vis de l’Algérie. Deuxièmement, une coopération réelle, concrète et efficiente contre l’agression que subit notre pays en matière d’infiltration massive de drogues. Troisièmement, les Marocains doivent définitivement admettre que l’Algérie a une position constante sur la question du Sahara occidental, cesser les amalgames en vue d’une bi-latéralisation impossible de cette question et cesser de vouloir changer les règles de l’entente convenue entre les deux pays. Sans ces conditions, l’Algérie ne va pas rouvrir ses frontières avec le Maroc.
Yanis Belmadi
L’Est Républicain, 28 avril 2013
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