La polémique enfle au Maroc au sujet de la maladie du roi Mohamed VI, transféré en urgence le 10 mai dernier, en France. Officiellement le roi du Maroc est en « déplacement privé et impromptu. » Mais sans convaincre. L’opacité est bien entretenue autour de l’état de santé du jeune monarque.
Depuis quelques temps, ses apparitions à la télévision suscitent les inquiétudes et quelques commentaires discrets, car la santé du monarque reste un tabou absolu. On murmure, mais pas seulement car ça se voit, que le roi a pris beaucoup de poids, et s’est même éloigné des sports qu’il affectionne, comme le scooter de mer.Sa dernière apparition publique dans la province de Nador où il inaugurait des installations sportives n’est pas passée inaperçue.
On le voyait même marcher à l’aide d’une béquille. De quoi nourrir les appréhensions, qui s’expriment notamment sur la toile. «Il à l’air bizarre, de petits yeux mi-clos, le visage bouffi et ce rictus si visible doublé d’une respiration haletante…». Une image qui tranche singulièrement avec la forme quasi olympique affichée lors de son intronisation en juillet 1999. En treize ans de règne, ce n’est pas la pre mière fois que la question de la santé du roi Mohamed VI fait controverse. En 2008, le journaliste espagnol Pedro Canales affirmait dans les colonnes d’El Imparcial que le roi du Maroc avait subi une opération chirurgicale en France.L’informationest évidemment vivement démentie par la presse officielle qui dénonce alors «une tentative de déstabilisation orchestrée de l’étranger».Une année plus tard, le journaliste espagnol revient à la charge :«Quelques médias français m’ont informé que Mohamed VI souffre d’une insuffisance rénale ou une maladie du foie qui l’oblige à se déplacer régulièrement en France». Pedro Canales réagissait à un communiqué de la Maison royale qui annonçait fin août 2009 que le monarque, 46 ans à l’époque, avait été placé en convalescence de cinq jours pour une «infection» qui ne présente «aucune inquiétude sur sa santé».«La maladie annoncée dans la déclaration est simplement le résultat d’une maladie chronique» notait El Imparcial soulignant le caractère tabou de la question à Rabat.
«Son père, le roi Hassan II, souffrait de la maladie de Crohn, une inflammation de l’intestin grêle. Ses malaises intestinaux, soignés par des médecins américains, étaient dissimulés sous le terme de « bronchites ». L’article, comme celui de 2008,provoque une réaction vigoureuse contre son auteur.
Le bulletin de santé du roi avait parlé d’une «infection à rotavirus». Ce qui provoqua des controverses dans la presse locale. Le quotidien Al Jarida Al Oula, aujourd’hui disparu, citant une source «médicale anonyme», affirmait à l’époque que «l’origine du rotavirus contracté par le roi serait dû à l’utilisation de corticoïdes contre l’asthme et qui sont responsables du gonflement du corps et de la diminution de l’immunité». La presse marocaine, dans son ensemble avait largement épiloguésur ce qui allait devenir «l’affaire rotavirus».Et son contre coup. Dix journalistes sont entendus par la police, tous accusés de «publication malintentionnée d’une fausse information» et «allégations et faits non véridiques». Trois d’entre eux seront condamnés à une peine privative de liberté.
Pour l’heure l’opacité est telle que l’inquiétude reste toujours de mise. « Il n’y a pas de précédents dans lesquels la Maison Royale informe des traitements médicaux qui affectent le Roi, et encore moins dont elle donne des précisions sur l’origine virale de sa maladie », a déclaré à El Imparcal une source politique marocaine. « Si maintenant c’est fait, c’est parce que l’affaire peut être grave et ils veulent préparer l’opinion publique à une annonce postérieure ».Les rumeurs grondent, et on évoque même la possibilité que le Palais annonce même la constitution d’un « conseil royal » qui assume, provisoirement, les fonctions de régence. C’est encore loin d’être le cas, mais affaire à suivre tout de même.
El Hadi Boussellam
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