Il y a aussi le problème du Sahara occidental sur lequel la diplomatie algérienne ne s’est pas montrée agressive.
En décidant de décharger Mourad Medelci de son poste au profit de Ramtane Lamamra, Abdelaziz Bouteflika, dont les subtilités de la diplomatie ne lui sont pas étrangères, n’a pas seulement confié le portefeuille à un diplomate aguerri, mais aussi signifié qu’il entend imprimer à la diplomatie algérienne, atone ces dernières années sur la scène internationale et régionale, une nouvelle dynamique en phase avec les bouleversements régionaux.
Si d’ordinaire et même classique, c’est le président de la République lui-même qui définit la politique étrangère et établit les priorités, il reste qu’en choisissant Ramtane Lamamra, Bouteflika entend redéployer la diplomatie sur un terrain auquel l’Algérie, jadis considérée comme Mecque des révolutions, n’aurait jamais dû tourner le dos : l’Afrique. Car il faut bien en convenir, l’Algérie a depuis quelques années déserté cette région, pourtant prolongement naturel de notre pays. C’est pour ainsi dire l’arrière-cour de l’Algérie.
Il n’y a pas si longtemps, l’Algérie avait joué des rôles de premier plan dans le règlement de certains conflits en Afrique, comme celui de l’Erythrée ou encore de l’Angola, mais aussi joué la médiation dans d’autres. Mais les problèmes internes vécus par le pays durant les années noires du terrorisme, l’instabilité chronique au niveau gouvernemental et l’émergence de certains pays sur la scène diplomatique régionale et continentale ont réduit la portée de la voix de l’Algérie. Signe de ce fléchissement : la gestion de la crise malienne et l’enlèvement des diplomates algériens, dont le dénouement tarde à se concrétiser. Au moment où l’Algérie multipliait, sans échos, ses appels à une solution politique et au moment où elle négociait avec des représentants de la rébellion, une solution de sortie de crise s’élaborait ailleurs. Et rien de plus édifiant que l’émergence d’un pays comme le Burkina-Faso pour abriter les pourparlers entre belligérants, alors que l’Algérie paraissait pourtant comme l’endroit idoine et le plus indiqué. Il y a aussi le problème du Sahara occidental sur lequel la diplomatie algérienne ne s’est pas montrée agressive.
En choisissant Lamamra, Bouteflika confie les clés à un spécialiste de l’Afrique. Dans un portrait du magazine, Jeune-Afrique, Lamamra est décrit comme un diplomate qui maîtrise plusieurs dossiers dont celui du Sahara occidental.
« Pour avoir longtemps sillonné le continent, Ramtane Lamamra dispose d’un carnet d’adresses fourni. Et, de l’aveu de ses anciens collaborateurs, il a fait ses preuves en matière de travail en équipe », écrit le magazine.
Devenu premier pays africain par la superficie, l’Algérie, disposant de quelques atouts économiques, se doit donc de réajuster ses intérêts géostratégiques en retrouvant la place qui devrait être la sienne sur le continent africain. Et c’est l’une des missions principales qui semble avoir été confiée à Lamamra.
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