La sortie de cette responsable du Pentagone relative à l’importance géostratégique de l’Algérie sur le plan de la lutte contre le terrorisme n’était que de la poudre aux yeux. Washington et Alger divergent foncièrement dans leurs méthodes d’approche, même si le 11 septembre a permis un début de rapprochement stratégique entre les deux États. Le roi Mohamed VI reçu par Obama au Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Un communiqué commun signé entre les États-Unis et la monarchie absolue et colonialiste du Maroc portant sur les questions sécuritaires et économiques. Des allusions à un possible soutien américain au plan d’autonomie lancé par le makhzen à partir de Paris à propos du Sahara occidental. C’est plus que ne peut supporter l’entendement. Une sorte de scénario surréaliste qui montre bien que le lobby sioniste est hyperpuissant. Celui-ci, plaçant la barre très haut, a décidé d’abattre ses cartes et de jouer littéralement à visage découvert. Et c’est en effet la seule raison pouvant expliquer qu’Obama, le pragmatique Obama, ait pu se plier aux caprices d’un souverain en train de ruiner son pays, tout en poursuivant sa fuite en avant concernant sa politique colonialiste et déstabilisatrice de toute la sous-région maghrébine et sahélo-saharienne.
Certes, Obama a mis en avant la question du respect des droits de l’homme au Sahara occidental, comme l’a souligné l’ancien ambassadeur sahraoui en Algérie, et actuel représentant de la RASD à Washington, Mohamed Yeslem Baysset. Or, il n’est plus question d’étendre cette question aux missions de la Minurso, comme avait souhaité le faire il n’y a pas si longtemps de cela Washington en soumettant un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU. Il ne faut quand même s’y tromper. La « victoire diplomatique » de Mohamed VI est tout aussi artificielle que l’ont été les « concessions » US faites concernant des questions de principe, directement liées au droit international.
En clair, Rabat, avec l’aide du puissant lobby sioniste, qui garde la mainmise sur la plupart des circuits décisionnels américains et mondiaux, ne fait que retarder des échéances inéluctables. Le Maroc, ne nous y trompons pas non plus, est un État vassal de l’Occident. Le royaume ne fait pas qu’accepter sur son territoire la présence d’une base militaire américaine, et proposer que l’Africom (ce pendant du GMO que Washington a tenté pendant un temps d’imposer au continent africain), soit également basé chez lui. Il va encore plus loin en mettant en place des centres de rétention, véritables camps de concentration, en vue de juguler l’émigration clandestine vers le vieux continent. Il est normal, dès lors, que l’Occident ferme les yeux sur ses « incartades » en matière de non-respect des droits de l’homme, sa politique colonialiste menée au Sahara occidental et ses fausses réformes prétendument venues démocratiser une monarchie plus dictatoriale que jamais. Les cadeaux marocains faits aux Occidentaux sont tellement importants (il a par exemple été un des rares pays à soutenir la politique catastrophique menée par la France en Libye puis au Mali avec toutes les conséquences qui ont découlé et que l’on subit aujourd’hui), que les puissants de ce monde vont même jusqu’à fermer les yeux sur le fait qu’il soit régulièrement et systématiquement épinglé par l’ONU en sa qualité de premier pays producteur et exportateur de drogue dans le monde.
Quant aux relations entre l’Algérie et les États-Unis d’Amérique, force est de relever que les motifs de discorde sont encore plus importants que ceux pouvant les rapprocher, cela même si Washington a fini par mettre pas mal d’eau dans son vin au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2011. Preuve en est le report sine die de la visite à Alger du secrétaire d’État US, John Kerry, suivi de très près par celle à Washington du souverain marocain. Voilà pourquoi il ne faut pas s’en formaliser, en retenant surtout le fait qu’il ne fallait surtout pas s’attendre à des miracles de la part d’un pays qui ne peut oublier, ni pardonner, les multiples positions courageuses et révolutionnaires de l’Algérie, y compris du temps où Bouteflika était notre chef de la diplomatie.
Kamel Zaïdi
Le Courrier d’Algérie, 24/11/2013
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