par M. Saadoune
Un grand média public algérien a fait le tour de force de traiter le communiqué commun sanctionnant la rencontre entre le roi Mohamed VI et Barack Obama en sautant une phrase importante ; celle où il est mentionné que les Etats-Unis considèrent que le plan d’autonomie marocain est «sérieux, réaliste et crédible» et qu’il représente une «approche potentielle» pouvant satisfaire les aspirations des Sahraouis.
L’APS, c’est d’elle qu’il s’agit, a mis en exergue le fait que le président américain s’est engagé à poursuivre les efforts pour trouver une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable» sur la question du Sahara Occidental. En réalité, ce sont des phrases qu’il faut mettre côte à côte et que l’on peut décrypter de plusieurs façons. Il y a bien un soutien au plan marocain et le roi Mohamed VI peut rentrer à Rabat en clamant qu’il a obtenu une «grande victoire» diplomatique. Les médias du Makhzen ne manqueront d’ailleurs pas de le marteler en ignorant la phrase mise en exergue par l’APS, à savoir qu’il faut une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable». Mutuellement acceptable, cela veut dire que le Maroc et le Polisario l’acceptent «ensemble».
Dans l’histoire, déjà longue, de la gestion onusienne de la question du Sahara Occidental, il y a eu en 2003 un second plan Baker, approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité qui prévoyait la mise en place d’une Autorité au Sahara Occidental pour une durée de cinq ans suivie d’un référendum où même les Marocains établis au Sahara pouvaient voter. L’adoption du projet a provoqué une forte panique au Maroc et Paris est monté au créneau pour imposer une «règle» : aucune solution ne sera «imposée». Le mot «mutuellement acceptable» cité dans le communiqué renvoie à cette «règle» de non contrainte qui fait que les Sahraouis n’ont pas à craindre de se voir imposer «l’approche potentielle» que constitue, selon Washington, le plan d’autonomie marocain.
La neutralisation des mécanismes de l’Onu sur le dossier du Sahara Occidental ne peut pas jouer seulement en faveur du Maroc. Il y a donc nécessairement une obligation à trouver une «solution mutuellement acceptable». Et c’est cela qui fait que la «victoire» diplomatique du roi Mohamed VI restera sans incidence. Et c’est cela qui fait que «l’échec» du Polisario ou d’Alger est, lui aussi, sans conséquence. Washington s’est livré ainsi à un exercice remarquable qui consiste à satisfaire le roi du Maroc sans que cela l’engage à rien. Et ce n’est pas une nouveauté. C’est un classique américain qui consiste à dire ce qui plaît à la fois à Rabat et à Alger
A charge pour la MAP (agence marocaine de presse) et l’APS (agence de presse algérienne) d’ignorer les passages qui chagrinent.
COMME LE NOTAIT UN FIN OBSERVATEUR, LE MAROC EST UN ALLIE DES ETATS-UNIS MAIS L’ALGERIE N’EST PAS LEUR ENNEMI ; C’EST MEME DEVENU UN GRAND «AMI» DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE. AUCUNE SOLUTION NE SERA IMPOSEE MEME SI WASHINGTON A UNE PREFERENCE. LE STATUQUO SUR LE DOSSIER DU SAHARA OCCIDENTAL RISQUE DE PERDURER LONGTEMPS
A MOINS QU’UNE SOLUTION MAGHREBINE NE PRENNE LE RELAIS
MAIS, ON LE SAIT, CELA RELEVE DE LA POLITIQUE-FICTION. A L’IMAGE DE L’UMA.
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