Loin de constituer une avancée dans le dossier sahraouie, dans un sens ou dans l’autre, le communiqué commun consacre le statut quo et place durablement la question de la décolonisation inachevée, comme un véritable abcès dans la région du Maghreb. Le tête à tête Obama-Mohamed VI a tourné à la rigolade,pourrait-on dire. Le président américain a tenté de ménager la chèvre et le chou.
A l’issue de l’entretien qu’il a eu avec le monarque alaouite, il a balancé quelques phrases de circonstance, montrant, soit un désintérêt manifeste à la question sahraouie, soit une satisfaction de la situation de ni guerre ni paix dans laquelle est plongée la région du Maghreb depuis près d’une quarantaine d’années. En fait, Washington ne semble pas trop pressé de voir la question trouver sa solution. Le fait est que Barack Obama donne l’impression de ne pas s’intéresser à l’historique de ce problème de décolonisation. Comme réaction, il a affirmé vendredi, en fin de soirée, son attention de poursuivre ses efforts sans le sens d’une issue » pacifique, durable et mutuellement acceptable « .
Le président Américain voudrait que l’on constate une certaine hauteur de vue de sa part concernant les deux protagonistes, le Front Polisario et le royaume du Maroc. Mais il serait difficile de le suivre dans son propos, notamment lorsqu’il a annonce son soutien à l’envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. D’ailleurs, Washington qui omet de reprendre sa propre proposition sur la prise en charge par la Minurso de la question des Droits de l’homme sur les territoires occupés par le Maroc, cosigne un communiqué commun avec Rabat où il est question d’octroyer au président US la mission de » soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental « . C’est en ce sens où le tête à tête tourne à la rigolade.
Loin de constituer une avancée dans le dossier sahraouie, dans un sens ou dans l’autre, le communiqué commun consacre le statut quo et place durablement la question de la décolonisation inachevée, comme un véritable abcès dans la région du Maghreb. Il reste que pour des raisons » esthétiques « , les deux parties ont évoqué » les droits de l’Homme du peuple sahraoui, et ce, au même titre que les autres volets relatifs aux relations bilatérales américanomarocaines, à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme, à l’Afrique et à la paix au Moyen-Orient « , note le même communiqué. Il convient de relever également que La Présidence américaine a tenu à faire entrer l’Onu dans le communiqué commun, affichant son appui aux » négociations menées par l’ONU, y compris le travail entrepris par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, comme ils exhortent les deux parties (Front Polisario et Maroc) à travailler pour parvenir à une solution « . Sans toutefois faire référence à la réglementation internationale en la matière, qui place le cas du Sahara occidental dans la case décolonisation. L’absence de ce concept réjouie, on s’en doute bien, le Maroc dont le roi a cosigné, avec un certain plaisir, ledit communiqué. Mieux, la monarchie marocaine a réussi à faire dire à Obama que le plan d’autonomie est » une approche potentielle « .
La question des Droits de l’homme a été évacuée par une phrase bateau : le président Obama et le Roi marocain » ont affirmé leur engagement commun à l’amélioration des conditions de vie du peuple du Sahara occidental et ont convenu à travailler ensemble pour continuer à protéger et à promouvoir les droits de l’Homme dans le territoire » sahraoui. Ainsi, le roi du Maroc a obtenu ce qu’il cherchait avec la bénédiction de la première puissance mondiale, à savoir le maintien de la situation en l’Etat. Aucun processus allant dans le sens du règlement du conflit, dans le respect de la législation internationale, ne peut être envisagé en l’état. En attendant, le droit international est quotidiennement bafoué par le Maroc qui pille les ressources naturelles d’un territoire qui ne lui appartient pas, au regard de la réglementation internationale.
Par Lyes Boumehdi
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