Sahara Occidental : Les USA brouillent les cartes

Les Etats-Unis doivent de fait admettre qu’aucune paix n’est possible dans le conflit Front Polisario-Maroc sans la reconnaissance aux sahraouis leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance afin qu’ils puissent jouir de leur liberté sur leur propre sol et non dans une autonomie coloniale imposée par le Makhzen par le feu et le sang et que Washington accepte pour des raisons autres que celles de la paix pacifique.
Il n’a à aucun moment évoqué la situation déplorable que vit la population sahraouie dans les territoires occupés ni les violations continues des droits de l’homme commis par le Makhzen au quotidien contre les citoyens sahraouis. L e président des Etats-Unis, Barack Obama en recevant vendredi à la Maison Blanche son hôte, le roi Mohamed VI du Maroc pour la première fois, ne se faisait aucune illusion sur les véritables raisons de cette visite et sur les profondes convictions personnelles de son hôte. 
Obama comme avant lui ses prédécesseurs du bureau ovale de la Maison Blanche, ne se faisait aucun soucis à se retrouver en face d’un allié sûr aux sentiments et à l’engagement profond soutenant le rôle de « gendarme » du monde arabe. Un roi qui est fermement engagé militairement pour agresser, massacrer, torturer et coloniser un territoire qui ne lui appartient pas en l’occurrence le Sahara occidental. Un roi qui pratique à l’égard de l’Union africaine (UA) et de l’ Union du Maghreb Arabe (UMA), cavalier seul du fait qu’il avalise, en pratique, l’occupation qui écrase la population sahraouie. Cette colonisation que l’écrasante majorité de la communauté internationale dénonce à chaque instant, vient d’être légalisée par Obama. 
Suite à la rencontre de vendredi entre les deux hommes, le communiqué émis par la Maison Blanche indique, que « le plan marocain d’autonomie au Sahara est sérieux et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité ». Il est à se demander de quelles populations parlent les Etats-Unis, celles qui luttent pour son indépendance ou celles qui sont dans les geôles marocaines ou à l’intérieur des territoires occupés? 
Si le président Obama s’est engagé, selon les termes du communiqué de la Maison Blanche à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara, il n’a à aucun moment évoqué la situation déplorable que vit la population sahraouie dans les territoires occupés ni les violations continues des droits de l’homme commis par le Makhzen au quotidien contre les citoyens sahraouis. Une omission volontaire, faut-il le comprendre. Les Etats-Unis ne tiennent pas à ce qu’un de leurs alliés dans la région leur échappe. 
Les Sahraouies oubliés 
L’essentiel pour l’administration américaine, ce n’est pas de défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, c’est plutôt de fournir un appui diplomatique au Maroc afin de poursuivre sa colonisation et cette fois-ci avec le soutien direct du Pentagone. Avec ce soutien apporté à la thèse marocaine d’autonomie du Sahara occidental, les Etats-Unis sans prendre en considération la situation dramatique que vit ce peuple, la politique agressive et annexionniste du Maroc, viennent de renouveler le rôle qui leur confère ce statut de faiseur de conflits et de tensions non au Maghreb mais partout à travers le monde. 
Si le président Obama, très certainement séduit par les « secrets » que lui a fourni Mohamed VI, veut éviter qu’une explosion aux conséquences incalculables ne plonge cette région stratégique dans une conflagration plus étendue, il lui est indispensable de ne pas occulter les aspirations du peuple sahraoui à vivre en paix et à choisir son propre destin. Les Etats-Unis doivent de fait admettre qu’aucune paix n’est possible dans le conflit Front Polisario-Maroc sans la reconnaissance aux sahraouis leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance afin qu’ils puissent jouir de leur liberté sur leur propre sol et non dans une autonomie coloniale imposée par le Makhzen par le feu et le sang et que Washington accepte pour des raisons autres que celles de la paix pacifique. Dès lors, la communauté internationale et les Nations-Unies se retrouvent à la porte de ce mystère américain, le plus opaque: pourquoi le virage des Etats- Unis, stratégiquement explicatif et clair en ce qui concerne la question du Sahara occidental, a-t-il pris un tel degré qu’il risque d’affaiblir les initiatives de paix au Sahara occidental et d’isoler complètement le droit à l’autodétermination? Un seul mot, une seule explication semblent fournir la vraie explication: neufs précédents ambassadeurs américains à Rabat ont à la veille de la visite de Mohamed VI à Washington adressés au président Obama une lettre dans laquelle ils ont souligné les « opportunités économiques importantes qui seraient perdues au Maroc si les Etats-Unis ignorent le Maroc dans sa lutte pour la paix et de développement ». Ces diplomates qui ont rédigé leur lettre en collaboration avec l’AIPAC ont fait entendre leur voix. Ils ont demandé au président Obama de soutenir le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental. La lettre se termine par une citation de George Washington: « Nous nous flattons qu’un jour, nous seront utiles à nos amis ». Il est à rappeler dans ce sens que depuis très longtemps, le Palais royal a fait engagé les services d’un hall de la politique étrangère de premier plan, « Le Comité américain Israel Public Affairs » (AIPAC), pour l’aider à défendre l’occupation du Sahara occidental. Mohamed VI en se rendant à Washington avec entre les mains beaucoup de jeux de cartes à jouer. Pour le journal Your Middle East, « Le Maroc a beaucoup de cartes à jouer lors de cette visite puisque les Etats-Unis et l’Union européenne ne sont pas disposés à assurer la transition démocratique des pays arabes ». La monarchie marocaine est perçue comme « l’interlocuteur numéro un des Etats-Unis dans la région ».
Par Hassan Wahid

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