De notre envoyé spécial à El Oued, Kamel Amarni
«L’Algérie ne cherche jamais à s’ingérer dans les affaires de ses voisins. Elle reste fidèle à ses principes immuables depuis la Révolution. Nous sommes disposés à aider quiconque de nos voisins pour peu qu’il en exprime le souhait mais, en même temps, celui qui nous cherche, saura à qui il a affaire !» Ce propos de Abdelmalek Sellal qui, sans aucun doute, est destiné à Rabat, est incontestablement le message le plus fort de ces dernières années à l’encontre de notre turbulent voisin de l’Ouest.
Le Premier ministre choisira, pour ce faire, une wilaya frontalière, El Oued, dans le sud-est, qui fait face également à d’autres menaces, d’un autre type, certes. «Vous vivez dans une région qui connaît de grandes turbulences», disait-il en effet à l’adresse des représentants de la société civile locale. Il fait bien sûr allusion, ici, à la menace terroriste permanente qui nous parvient de l’Est en raison de la situation chaotique de la Libye. «Mais Dieu merci, notre pays vit, lui, dans la stabilité. Oui, mes frères ! La stabilité est un trésor très précieux qu’il nous faut préserver. Ce trésor, il nous faut nous battre pour le préserver. La facture que nous avons payée pour l’obtenir est tres salée», insistera Sellal qui n’ignorait pas, certainement, qu’il était dans la région qui a connu le premier acte terroriste d’envergure en 1991 déjà à Guemmar.
«Aujourd’hui, l’Algérie soutient ses voisins car elle est consciente de ce que leur stabilité est la sienne aussi.»
Louant longuement les vertus de la stabilité, qui a permis à l’Algérie, insistait-il, de connaître, «ces dernières années», un grand développement, il tenait à citer des exemples. Il prend la consommation de l’énergie. «Elle a augmenté de 40% ces cinq dernières années.» Il fait la comparaison avec l’Espagne, la Turquie mais surtout… le Maroc ! «Notre consommation en énergie électrique est de trois fois plus que le Maroc, par exemple.» Evidemment, le choix n’est pas innocent. Il faut dire que ces derniers mois, le roi et son Makhzen, dans une posture extrêmement belliqueuse, lancent une offensive à tous les niveaux contre l’Algérie. Et c’est pour la première fois qu’une réponse aussi tranchée leur parvient de la part d’Alger à un niveau de responsabilité aussi élevé. Ceci dit, Sellal n’était pas allé à El Oued, hier mardi, que pour cela. Cette sortie, comme toutes les autres depuis quelques semaines, se voulait la promotion du bilan de Abdelaziz Bouteflika et de sa candidature.
A bientôt quatre mois de l’élection présidentielle, cette véritable campagne électorale se découvre même de nouvelles traditions. Comme à Chlef et Relizane il y a une dizaine de jours, c’est le président de l’APW qui «invite» tous les présents à exprimer «toute la gratitude à son excellence le Président Abdelaziz Bouteflika et à exprimer notre soutien à un quatrième mandat». Inutile de préciser que toute la salle, les membres du gouvernement, leur chef compris, y répondait par une «chaleureuse ovation». Sellal, lui, a définitivement fixé les thèmes de la campagne. La «stabilité», bien sûr, les «acquis sociaux» et, plus insidieusement, une «nouvelle politique économique pour le pays».
K. A.
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