Dans l’interview confectionnée par les services du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, et rendue publique dans trois médias algériens, il apparaît nettement que ces derniers n’ont pas voulu aborder les questions qui fâchent. Sur les conflits qui agitent la région, les divergences sont tellement fortes que même en employant la langue de bois la plus perfectionnée, Jean-Marc Ayrault n’aurait pu les atténuer et encore moins les nier.
La décolonisation du Sahara Occidental est ainsi complètement occultée et on le comprend, les positions des deux pays sur cette question sont aux antipodes l’une de l’autre. Ce n’est pas un hasard si l’arrivée, dimanche soir, de Jean-Marc Ayrault à Alger a coïncidé avec la clôture d’une conférence, organisée par le gouvernement en solidarité avec la lutte du peuple sahraoui, qui demande à la France de s’aligner clairement sur le droit international qui implique l’autodétermination du peuple sahraoui. Non seulement la France ferme les yeux sur les violations des droits de l’Homme au Sahara Occidental, mais elle se comporte en partie prenante dans le conflit, en mettant son veto au Conseil de sécurité contre l’élargissement des compétences de la Minurso à la surveillance de ces dépassements graves dont est responsable l’occupant marocain.
Sur le conflit en Syrie, c’est le même silence. On sait que Laurent Fabius, dont l’absence dans la délégation n’est pas sans signification, a tout fait, avec François Hollande, pour que les pays occidentaux interviennent dans ce pays frère. Sans la position intransigeante de la Russie et de la Chine, une ingérence à la libyenne aurait déjà eu lieu. L’expression «printemps arabe» devient taboue et n’a sa place ni dans les questions ni dans les réponses.
Les divergences «externes» reflètent, en fait, un conflit d’intérêt entre nos deux pays, difficile à dissimuler. Reste la dimension strictement «bilatérale» des relations algéro-françaises. Elle est déterminée par la sphère économique. C’est elle qui a fait perdre à la France son statut de partenaire privilégié de l’Algérie. Le biais de la culture permettra-t-il aux Français de reprendre leur position dans le marché algérien ? Rien n’est moins sûr. Il faut, en plus, le dynamisme des pays émergents comme la Chine et le Brésil qui ont l’avantage d’être sur les mêmes positions que l’Algérie.
Karim Bouali
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