Javier Bardem à Paris en porte-parole du droit des Sahraouis

L’acteur espagnol de renommée internationale Javier Bardem sera à Paris le 18 février pour porter la voix des Sahraouis. Un combat qu’il mène depuis des années et pour lequel il a co-produit et joué dans le documentaire « Los hijos de las nubes ». A défaut d’influer sur la position française, sa venue peut-elle sensibiliser l’opinion française ?
A deux mois du prochain Conseil de sécurité de l’ONU et du renouvellement du mandat de la Minurso, la mission onusienne du Sahara occidental, la venue en France de Javier Bardem, en compagnie de Kerry Kennedy, proche du Parti démocrate américain au pouvoir à la Maison blanche, et Aminatou Haidar, la plus connue des militants sahraouis, n’a rien d’innocent.
Soulevée dans le documentaire qu’il vient présenter à Paris, la responsabilité de la France sera assurément au coeur des propos qu’il tiendra devant la presse puis sur le plateau de l’émission de Canal +, le Grand Journal. Soutien indéfectible du royaume du Maroc dans le dossier du Sahara occidental, le pouvoir français détiendrait la clé du conflit.
En réalité, la venue de l’acteur, décidée il y a quelques jours, est une nouvelle démonstration de la grande difficulté de porter en France une voix autre que celle de la propagande marocaine. Pourquoi ?
Comme Nouvellesdusahara.fr l’expliquait en juillet 2012, Javier Bardem s’engage activement auprès des Sahraouis et de leur droit à l’autodétermination depuis 2008 et sa participation au festival de cinéma dans les campements de réfugiés sahraouis, au sud-ouest de l’Algérie. Par la suite, l’acteur espagnol a décidé de s’investir personnellement dans la réalisation de «Hijos de las nubes. La ultima colonia». On le voit mis en scène en train d’aller à la rencontre de responsables politiques espagnols et français notamment.  A la sortie de certains entretiens, il effectue un débriefing avec le réalisateur dans une voiture, pour pouvoir consigner des propos tenus en off.
Dans la note du dossier de presse du film, l’acteur explique :
«Avec ce documentaire, nous avons essayé de mettre sous les projecteurs la situation d’un peuple et d’un conflit qui sont généralement poussés à l’arrière-plan des agendas politiques et diplomatiques de tous les pays concernés. Notre souhait est que, pendant le film, les spectateurs fassent un voyage, à la fois intellectuellement et émotionnellement, afin de parvenir à leurs propres conclusions. Le peuple sahraoui mérite cela et bien plus
Film coup de poing, l’objectif était clairement de sensibiliser les opinions publiques, et, au-delà, les pouvoirs en place. Mais, si le documentaire a obtenu un Goya d’or (l(équivalent des Césars français) il y a un an en Espagne, il n’a pas produit l’effet escompté en France. Loin de là même, puisque la diffusion dans le circuit commercial, préférée par le réalisateur et la production pour pouvoir toucher un large public, a été un échec. Quant aux directions de chaînes publiques, sollicitées pour programmer à la télévision « Los hijos de las nubes », elles ont adressé une fin de non-recevoir à la production. Cela a été dénoncée par l’acteur lui-même et le réalisateur du documentaire lors d’une projection organisée au Parlement européen.
Les leçons d’une censure…
Excepté quelques très rares projections (au moins une lors du festival du cinéma espagnol de Nantes en avril 2013), le film n’a donc pas eu l’occasion d’être présenté au public français. Les demandes de projection déposées par le milieu associatif n’ont jusqu’à présent pas eu plus de succès, Wild Bunch, la société chargée de vendre le documentaire en France, appliquant le tarif prohibitif de 1600 euros par projection…
L’organisation d’une soirée dans un grand cinéma parisien semble donc être le signe que l’acteur, le réalisateur et la société de production espagnole, Morenas Film, ont fini par tirer les leçons d’une censure qui ne dit pas son nom et optent dorénavant pour une diffusion clairement militante.
Cette offensive médiatique sera-t-elle fructueuse ?
Dans l’impasse politique actuelle, toute tentative pour exercer une certaine pression sur le pouvoir français doit être menée, se sont sans doute dits les protagonistes du film. Javier Bardem lui-même et Kerry Kennedy, fille de Robert F. Kennedy et présidente de l’ONG « Robert F. Kennedy Center pour la justice et droits de l’homme » et auteur d’un rapport sur le Sahara occidental, ont signé une tribune dans le journal Le Monde le 29 décembre dernier.
En octobre 2012, tous deux avaient déjà conjugué leurs efforts en lançant une pétition sur le même sujet. Le texte de cette pétition visait alors les Etats-Unis et exhortait ce pays à « prendre des mesures pour faire cesser les violations des droits de l’homme commises contre le peuple Sahraoui dans les territoires occupés du Sahara Occidental et les camps de réfugiés près de Tindouf en Algérie ».
La solution, préconisaient-ils, était l’établissement d’un mandat de protection des droits de l’homme au sein de la MINURSO. Quelques mois après, en avril 2013, les USA avaient tenté de forcer la main des pays membres du groupe des amis du Sahara occidental pour que soit étendu le mandat de la Minurso. La France avait alors clairement fait savoir qu’elle était opposée à cette initiative, le Maroc n’en voulant pas.
La venue en France de Javier Bardem (et de Kerry Kennedy) est bien le signe d’une nouvelle tentative pour faire évoluer la position française. Dans la tribune parue dans Le Monde, les deux auteurs estimaient que :
« La France et l’Espagne ont une responsabilité particulière envers le peuple sahraoui. Il est temps de faire respecter pleinement les droits fondamentaux du peuple sahraoui à travers la création d’un mécanisme permanent de protection des droits humains« .
Si, comme dans son rapport d’avril 2013, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon qualifiait, dans son rapport d’avril prochain, de « nécessité primordiale » la mise en oeuvre d’une « surveillance indépendante, impartiale, complète et constante de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps », la revendication portée par Javier Bardem aurait davantage de poids. Mais, force est de constater que depuis 2012 et la venue sur place d’observateurs internationaux, la stratégie marocaine qui consiste à multiplier les « signes prometteurs » qui démontreraient la volonté du royaume d’améliorer réellement les droits élémentaires des Sahraouis sans que sur le terrain, la répression ne faiblisse, semble porter ses fruits, la France notamment se félicitant à la moindre occasion des « efforts » consentis.
Informations pratiques :
« Los hijos de las nubes. La ultimia colonia » sera projeté le mardi 18 février à 20 h 30 au Cinéma Majestic Passy, 18 rue de Passy – 75016 Paris – Métro Passy, Muette, en présence de Javier Bardem, Aminatou Haidar, Kerry Kennedy et Álvaro Longoria (le réalisateur).
Présenté au festival de Cannes en mai 2012. Existe désormais en VO française, avec la voix de Victoria Abril pour la narration en français – 1 h 21.
http://www.nouvellesdusahara.fr/javier-bardem-a-paris-en-porte-parole-du-droit-des-sahraouis/



N’OUBLIEZ PAS DE SIGNER LA PETITION ADRESSEE AU SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU BAN KI-MOON POUR DEMANDER L’ELARGISSEMENT DU MANDAT DE LA MINURSO A LA SURVRILLANCE DU RESPECT DES DROITS DE L’HOMME QUE LA FRANCE BLOQUE AU SAHARA OCCIDENTAL


https://secure.avaaz.org/fr/petition/Ban_Kimoon_Elargir_les_competences_de_la_MINURSO_pour_la_supervision_du_respect_des_dr/?copy

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