Elles auraient dû se taire mais la déclaration de Javier Bardem était tellement forte que finalement, elles n’ont pas pu se la fermer. Qui sont-elles ? Les autorités marocaines.
Lors de son séjour dans la capitale française, l’acteur espagnol avait lâché une bombe en déclarant :
« L’ambassadeur de France aux Etats-Unis, François Delattre, qu’on a rencontré en 2011, nous a dit que le Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre. Autrement dit, on détourne les yeux. Le Maroc est dans une situation de constante violation des droits de l’homme. Or, la France est un pays, pionnier en matière de libertés. On est devant quelque chose qui est ni logique ni acceptable. »
Cette réalité n’est pas un scoop, certes, mais dans la bouche d’un haut fonctionnaire français, ambassadeur de France à Washington, le poste le plus prestigieux de la diplomatie française, cette phrase sonnait comme un coup de massue sur la tête de la théocratie alaouite.
Les autorités marocaines auraient dû se taire, surtout après le scandale Hammouchi qui confirme parfaitement les dires de l’ambassadeur Delattre, mais c’était plus fort qu’elles. Il fallait qu’elles réagissent.
Par la bouche du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, l’ex-journaliste islamiste Mustapha El Khalfi, l’acteur espagnol Javier Bardem en a pris pour son grade « connu pour être un ennemi de l’intégrité territoriale du royaume », mais en réalité les termes du communiqué distribué par le département de la communication laissaient transparaître un véritable dépit. Un choc.
Et même la déclaration d’un porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, affirmant que « ces propos émanant soi-disant de l’ambassadeur de France à Washington ont suscité une réprobation totale à l’Elysée et au quai d’Orsay », n’a pas suffi à calmer les ardeurs chagrines des makhzeniens.
Mais quoi donc ? Le Maroc ne respecte pas les droits de l’homme ? C’est du n’importe quoi ! Le Maroc est une démocratie, il n’y a pas de prisonniers politiques au royaume des mille et une nuits, la liberté de la presse est assurée et respectée, le parlement n’est pas une chambre d’enregistrement, la police secrète ne torture pas, et le chef du gouvernement, le clown Abdelilah Benkirane, gouverne vraiment le pays.
Que voulez-vous de plus ?
Simo Sbaï
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