Le Maroc, dans sa guerre contre le peuple du Sahara Occidental, tente de porter atteinte au soutien dont jouit le peuple sahraoui en Europe dans le but d’affamer les réfugiés sahraouis. Pour cela, il utilise les pseudo-intellectuels marocains, tels que Tahar Ben Jellun, un autre thuriféraire du Makhzen, pour réaliser ses rêves criminels.
Ce nouveau lèche-botte du roi Mohammed VI a été dénoncé par les italiens dans un article publié dans leur site Tindouf Express. Voici le contenu de l’article
A la rédaction de L’Espresso,
Nous sommes le collectif Tindouf Express et nous nous occupons des informations et des analyses sur la question historico-juridique du Sahara occidental. Nous vous écrivons à propos de l’article « Attention, le Sahara risque d’exploser » signé par Tahar Ben Jelloun, publié le 6 mars dans votre rubrique « Sans frontières ».
Nous vous écrivons parce que tout d’abord nous tenons à souligner que l’auteur développe l’article avec une série d’inexactitudes historiques et journalistiques que nous tenons à réfuter et éventuellement à répondre.
L’article ne fait aucune mention des nombreuses résolutions de l’ONU au cours des 38 dernières années qui ont affirmé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui (à titre d’exemple, nous citons : AG/Rés.1514 14/12/1960, AG/Rés.2072 16.12.1965, 20.12.1966 AG/Rés.2229). Il s’est également montré muet sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 16/10/1975 dans lequel, tout en reconnaissant les liens historiques entre le sultanat marocain et les habitants du Sahara occidental, a décidé qu’il n’y avait aucun lien de souveraineté territoriale entre les deux pays. D’autre part, ce qu’il appelle dans l’article «la marche verte pacifique» par laquelle « le Maroc a récupéré les territoires du Sahara occidental », doit être considérée comme une réelle invasion militaire. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté des résolutions sans équivoque visant à condamner l’action militaire marocaine (nous citons à titre d’exemple: CdS/Rés.377 22/10/1975, 02/11/1975 CdS/Rés.379, CdS/Rés.380 06/11/1975). La présence massive des forces armées parmi les 350 000 «volontaires» de la Marche Verte, ainsi que le caractère violent de l’action sont également attestés par de nombreuses photographies, vidéos et témoignages recueillis par de nombreux journaux européens de l’époque.
Malgré la position adoptée par les Nations Unies et la communauté internationale, le roi Hassan II a poursuivi son projet expansionniste d’occupation progressive du Sahara occidental. La détermination du régime marocain est basée sur la faiblesse de l’Espagne qui n’est plus en mesure de gérer ses domaines coloniaux, et d’autre part sur l’accord secret du 14 Novembre 1975, les Accords de Madrid avec lequel le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne ont sanctionné le retrait des troupes coloniales effectué le 28 Février 1976, qui sera suivi par une administration tripartite du territoire du Sahara occidental. Le président du Comité de Décolonisation de l’ONU a condamné les accords de Madrid en les qualifiant de non conformes aux décisions et résolutions adoptées par les Nations Unies jusque-là, tout en soulignant la façon dont ces accords ont subordonné les droits du peuple du Sahara Espagnol aux revendications territoriales des pays voisins.
Ces événements ont donné lieu à un conflit qui dure depuis des décennies, provoquant l’exode de la population sahraouie vers les territoires désertiques de l’Algérie voisine. À ce jour, plus de 200.000 Sahraouis vivent sous des tentes dans les camps de réfugiés de Tindouf dans le sud-ouest de l’Algérie. Que l’Algérie puisse avoir des intérêts géopolitiques dans l’Atlantique ne constitue pas une atteinte à la légitimation du droit à l’autodétermination reconnu par l’ONU au peuple sahraoui. Nous tenons donc à souligner, contrairement à l’article de Tahar Ben Jelloun, que la question du Sahara occidental ne doit pas et ne peut pas être considéré à partir des intérêts politiques et économiques de l’Algérie et du Maroc. Le point de départ pour une compréhension correcte et honnête de la question historico-juridique du Sahara occidental ne peut être que le droit d’un peuple à l’autodétermination sur son propre territoire, sur la base du jus cogens international, par opposition à la logique de la domination coloniale des années 900.
Au cours des dernières 24 années, c’est-à-dire, bien avant la fantomatique année 2007 citée par l’auteur, le Maroc s’est systématiquement opposé aux plans des résolutions des Nations Unies, en raison notamment du soutien de la France et des Etats-Unis qui ont toujours vu dans le Maroc un allié stratégique au Maghreb. L’impossibilité d’organiser un référendum d’autodétermination tel que défini par le Plan de règlement des Nations Unies en 1990, plus tard modifié par les Accords de Houston de 1997, est lui-même le résultat d’une obstruction marocaine à l’identification correcte des citoyens résidant dans les territoires occupés du Sahara Occidental avec droit au vote.
L’obstruction marocaine, la lenteur de la machine bureaucratique de l’ONU, la complicité des puissances occidentales alliées du Maroc y compris l’Union Européenne (voir, par exemple, la question des accords de pêche de 2007, tacitement renouvelés en 2011 et mis en question ces dernières années par le Parlement européen) ont contribué à faire perdurer la situation d’immobilité. En violation flagrante du droit international, le Maroc a mené ces dernières années l’exploitation des ressources halieutiques et minières du Sahara occidental. Cela alors que dans les camps de réfugiés sahraouis des centaines de milliers de personnes ne survivent que grâce à l’aide internationale.
L’autre aspect que nous tenons à souligner concerne la problématique question du respect des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Tahar Ben Jelloun, dans son article, la relègue, grossièrement, à la déclaration du président algérien Abdelaziz Bouteflika, faisant semblant d’ignorer ce qui est une préoccupation de l’ensemble de la communauté internationale : Le Parlement européen, l’Union africaine, les gouvernements nationaux (Norvège, Suède et Danemark, en premier lieu, mais aussi l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Royaume-Uni, pour ne pas mentionner les Etats-Unis du président Obama), et des milliers d’organisations de la société civile à travers le monde qui se sont engagés à sensibiliser à cette réalité tragique.
Dans les derniers mois, la question de la protection des droits de l’homme au Sahara Occidental occupé a également été soulevée par certains pays historiquement alliés du Maroc. Le 15 Février, le député britannique Jeremy Corbyn, du Parti travailliste, Président du Groupe interparlementaire sur le Sahara occidental, a été arrêté avec John Hillary et John Gurr, des citoyens britanniques aussi, pour avoir filmé la répression violente par la police marocaine des manifestations organisées à El Aaiun, la capitale du Sahara occidental. L’honorable Corbyn, après son retour au pays natal, a présenté un rapport détaillé au Premier ministre David Cameron afin de demander que le gouvernement britannique soit le porte-parole de l’inclusion de la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO – Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental – qui doit être renouvelé au mois d’Avril prochain. Quelques jours plus tard, le 28 Février, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a présenté un dossier au président Obama dans lequel il a analysé la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental occupé. Partant de l’hypothèse que «le mandat de la MINURSO ne comprenne pas encore le mécanisme de surveillance des droits de l’homme » le dossier dénonce également «la violence verbale et physique contre les Sahraouis qui sont placés en état d’arrestation, la restriction des libertés d’expression, de presse et d’association, ainsi que contre la détention arbitraire prolongée contre tous les dissidents politiques » au même temps que « la négation systématique de la liberté de créer des associations indépendantistes sahraouies ».
En France, l’allié occidental le plus influent du Maroc, a connu récemment un fait marquant. Dans le cadre d’une enquête qui a conduit la police française à l’ambassade du Maroc à Paris pour enquêter sur la torture de ressortissants franco-marocains, il y avait de la documentation concernant un sahraoui en état d’arrestation, victime de détention arbitraire et de torture dans les prisons marocaines. L’effet provoqué par ces événements a également déclenché un débat en France sur la nécessité de surveiller la situation des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, un événement d’une importance considérable si l’on considère le fait qu’en Avril 2013, c’était Paris qui s’est opposé à l’élargissement du mandat de la MINURSO.
En ce qui concerne la question historique des violations des droits de l’homme dont sont victimes les Sahraouis, nous vous recommandons de lire « L’Oasis de la mémoire » de Carlos Martin Beristain, qui est disponible sur notre site Web tindoufexpress.org, la traduction italienne de la version en résumé. Une équipe d’avocats et de chercheurs dirigée par le professeur Beristain a enquêté sur la mémoire historique de ce peuple, en interrogeant 261 Sahraouis victimes de bombardements, raids, d’enlèvements et de torture et la collecte de leurs histoires en deux volumes qui constituent une première étape de l’analyse complexe des violations subies en près de quatre décennies de conflit.
Pour conclure, nous attirons l’attention sur le fait que la question sahraouie soulevée par votre magazine ne se limite pas à la publication de l’information partielle et superficielle avec une forte connotation de propagande, mais doit à la fois respecter les canons du journalisme sérieux et analytique en tenant compte de la production juridique internationale et de la réalité historique, et la mémoire d’une population maintenant reléguée aux marges des circuits de médias internationaux.
Le «risque d’explosion » dans le titre de votre article, n’est-il pas forcément lié à l’incapacité de la communauté internationale de résoudre un problème bloquée maintenant depuis 1991, plutôt qu’au risque réel d’infiltration terroriste dans une population qu’il ya 23 ans a décidé de déposer les armes faisant confiance à une solution pacifique par la voie diplomatique du conflit déclenché pour la lutte pour ses propres droits et pour sa propre terre ?
http://www.tindoufexpress.org/tep/?p=1361
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