La déroute diplomatique du Maroc confirmée par le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU réaffirmant que la question du Sahara occidental est et demeure un problème de décolonisation inachevée a réellement crée le désarroi à Rabat. Au point où et contrairement aux usages diplomatiques appelle Ban Ki-moon pour pleurnicher tout en faisant agir son allié français qui commence à parasiter le débat au Conseil de sécurité. Car il faut rappeler que si le Maroc, tout comme Israël d’ailleurs tient tête à l ’ONU c’est essentiellement à cause du soutien inconditionnel de la France et accessoirement de l’appui diplomatique israélien, qui actionne ses puissants lobbys pour influer sur la position des États-Unis.
Le Maroc a décidé, il y a deux ans, de déclarer la guerre à l’ONU dans sa quête d’une solution négociée au conflit du Sahara occidental. En mai 2012, Rabat a retiré sa confiance à l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Le chevronné diplomate américain est accusé par le Maroc de mener un travail « partial et déséquilibré». En avril 2013, le Maroc monta au créneau et annula des manœuvres programmées avec l’armée américaine à cause d’une proposition présentée par la délégation américaine au Conseil de sécurité en vue d’élargir le mandat de la MINURSO à la vigilance du respect des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.
À cette occasion, le Maroc a proféré des menaces évoquant de possibles conséquences néfastes dans la région. Aujourd’hui, la cible des attaques marocaines n’est autre que le CG de l’ONU en personne. Ironie du sort, les accusations proférées contre lui sont les mêmes accusations brandies contre son émissaire et contre la décision américaine en faveur des droits de l’homme. Mêmes accusations et mêmes menaces contre la paix et la stabilité de la région. Le Maroc menace de sortir du processus de paix onusien et d’un éventuel retour à la guerre.
Comme à chaque fois dans la même période, le rendez-vous avec les discussions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental est devenu un rendez-vous aussi avec les crises marocaines contre les Nations unies. Encore une fois, les autorités marocaines n’ont pas digéré le contenu du rapport du Secrétaire général de l’ONU qui met l’accent sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et son statut de territoire non-autonome régi par le Chapitre XI, art. 73 de la Charte des Nations unies. Ce qui suscite la colère marocaine, selon un diplomate sahraoui, est la tentative onusienne de sortir du statu quo dont le Maroc s’accommodait depuis le cessez-le-feu de 1991.
Le Front Polisario et l’Algérie, par contre ont exprimé leur « satisfaction » du contenu du rapport de Ban Ki-moon. Le Conseil de sécurité aura-t-il l’audace de dire « basta ! » aux tergiversations marocaines. Assumera-t-il ses responsabilités cette fois-ci dans la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique ? De leur coté les responsables sahraouis gardent la tête froide devant les vociférations marocaines qui commencent à lasser sérieusement la communauté internationale. Pour les responsables sahraouis, l’instauration de la justice, la paix et la stabilité dans la région « exige des décisions plus strictes et plus claires » de l’organisation des Nations unies afin d’imposer le respect de sa Charte et ses résolutions au Sahara occidental.
Dans une lettre adressée au SG de l’ONU, Ban Ki-moon, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a appelé l’ONU à assumer ses responsabilités envers la décolonisation du Sahara occidental par le biais d’un référendum juste et durable devant permettre au peuple sahraoui de s’exprimer librement sur le statut final de cette ancienne colonie espagnole. La Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été créée depuis plus de 23 ans pour superviser ce référendum qui n’a pas pu voir le jour en raison des obstacles du Maroc contre la tenue de ce référendum qui n’est pas en sa faveur, a rappelé M. Abdelaziz.
S’agissant des violations des droits de l’homme des Sahraouis et du pillage des ressources naturelles, le président sahraoui a appelé l’ONU à prendre des « mesures strictes » contre les violations des droits de l’homme et de mettre en place sans plus tarder, un mécanisme permanent, indépendant et impartial, capable de protéger les droits de l’homme au Sahara occidental. » « Il est urgent que l’ONU intervienne afin d’empêcher la signature de tout accord avec le royaume du Maroc incluant les ressources naturelles du Sahara occidental », qui relève de la responsabilité de l’ONU en attente du parachèvement du processus de décolonisation, a-t-il ajouté. Le Maroc essaie de « se soustraire » des engagements qu’il avait pris devant la communauté internationale à travers la signature du plan de règlement entre le Front Polisario et le Maroc sous les auspices de l’ONU en 1991, a rappelé le président de la République sahraouie. « Le risque réel de la sécurité et de la stabilité dans la région demeure l’approche expansionniste et agressive du Maroc envers ses voisins », a relevé le président sahraoui, rappelant que « le trafic de drogue constitue une menace pour la paix et la sécurité en raison de son étroite relation avec le crime organisé et le terrorisme » transnational.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 15/04/2014
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