Le vote sur le projet de la résolution proposé par Susan Rice, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, au nom du groupe des Amis du Sahara (États-Unis, France, Espagne, Royaume-Uni et Russie) pour le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), présente dans la région depuis 1991, aura lieu mardi prochain.
Prévu mercredi soir, ce vote a été reporté. Officiellement, ce projet a été communiqué tardivement aux membres du Conseil de sécurité. Réellement, la majorité des membres de l’instance suprême onusienne veulent aller au-delà de l’encouragement des deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à œuvrer avec la communauté internationale pour développer et mettre en œuvre des mesures indépendantes et crédibles afin de garantir le plein respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a repris, le 10 avril dernier, à son compte, un vœu formulé l’an dernier à la même date par les Etats-Unis et depuis par quasiment toutes les organisations de défense des droits de l’Homme. Il s’agit de l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. Une proposition que le Maroc, soutenu par la France, rejette globalement et dans le détail. Et pour cause, il ne pourra plus réprimer à huis clos comme il le fait actuellement à El Ayoune, Smara, Dakhla, Boujdour, etc. Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à New York, ne s’est pas trompé de cible.
Dans une interview à Reuters, il a pointé du doigt le Maroc et… la France. Selon le diplomate sahraoui, ces deux pays font actuellement pression sur les Amis du Sahara pour qu’ils révisent, et le rapport du secrétaire général de l’ONU et celui de résolution qui sera soumis au vote. En attendant les résultats de ces pressions et manœuvres des coulisses, huit pays ont exprimé leur appui au contenu du rapport du secrétaire général de l’ONU, notamment dans son point le plus controversé : la surveillance « durable, indépendante et impartiale » des droits de l’Homme et la dénonciation de l’exploitation illégale par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental. Est-ce à dire que le projet « mentionnera » noir sur blanc un « mécanisme de surveillance » et de « compte-rendu » des atteintes aux droits de l’Homme ? Pas évident. La raison ? Il sera bloqué par un « niet » de la France.
Selon plusieurs analystes, cette résolution, qui pourrait être la dernière – Ban Ki-moon compte revoir l’approche onusienne de ce conflit s’il n’y a pas d’avancées significatives d’ici à avril 2015 — sera le fruit d’un compromis. Les droits de l’Homme seront mentionnés davantage que l’an dernier. Une manière d’avertir les Marocains que la communauté internationale a désormais à l’œil la situation au Sahara occidental ? Les organisations internationales des droits de l’Homme (Amnesty International, Human Rights Watch), qui souhaitent inclure les droits de l’Homme dans le mandat de la Mission, la seule des 24 missions onusiennes dans le monde à en être est dépourvue, ont encore du plain sur la planche.
Le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (RF Kennedy Center) a relancé, hier, le Conseil de sécurité sur l’introduction du mécanisme de surveillance des droits de l’Homme au sein de la Minurso. « Le Maroc continue, jusqu’à ce jour, à violer systématiquement les droits fondamentaux du peuple sahraoui, alors que seul un mécanisme de surveillance permanent et indépendant pourrait garantir la responsabilisation pour ces violations », écrit Mme Kerry Kennedy, le présidente de l’organisation.
Djamel Boukrine
sHorizon, 25/04/2014
Soyez le premier à commenter