Omar Hadrami, le traître par excellence devenu, depuis quelques mois, gouverneur de Goulmim-Smara, ne rêvait que de faire tomber Bachir Moustapha Sayed, à l’époque principal décideur au Front Polisario. Dans ce but, il a demandé d’être désigné chef des renseignements militaires sahraouis ou Sécurité Militaire, branche du ministère de la Défense de la RASD.
En 1982, il a limogé du Comité Exécutif et nommé à la tête des services secrets sahraouis. Il commence, alors, un travail de sape visant à discréditer la direction du Front Polisario et salir le nom de Bachir.
Depuis son poste, Hadrami va viser les tribus du nord et du sud désignées par les lettres « H » et « I » dans le recensement espagnol de 1974.
En 1982, des membres des tribus des Oulad Dleim, Oulad Moussa, Oulad Bousbaa, et autres sont emprisonnés, torturés et assassinés sous l’inculpation de travailler pour les services secrets de la Mauritanie et la France.
Au même temps, tous les nouveaux ralliés provenant des territoires occupés du Sahara Occidental et du sud du Maroc sont immédiatement incarcérés et accusés d’être des agents marocains envoyés pour des missions de sabotage des institutions du Polisario.
Hadrami mènera un travail minutieux en vue de préparer les membres de ces tribus pour affronter la direction du Polisario. Pour cela il sollicitera l’aide d’Abdelkader Taleb Omar, Mansur Omar, Mohamed Salem Salek et l’ancien ministre des affaires étrangères Brahim Ould Derouich qui ralliera le Maroc en 1990.
En octobre 1988, ils vont se retrouver à la wilaya d’Aousserd d’où ils vont présenter leur démission collective pour protester contre le « despotisme » de Bachir Moustapha Sayed, l’ennemi juré d’Omar Hadrami. Le comité Exécutif du Polisario se réunit et décide de ne pas se plier à leur chantage. Ils décident, alors d’appeler la population pour venir à leur aide.
Hadrami s’adresse à sa tribu, Lebboihat. Kader et Mansur visent les Oulad Dleim et Ouls Salek, les Oulad Tidrarin. C’est leur dernier recours pour garder leurs postes de responsabilités.
Si le fondateur du Polisario, le martyr El Ouali avait prévenu contre les dangers du tribalisme en le qualifiant de « mine sous les pieds du peuple sahraoui qui peut exploser à tout moment », ces individus, dans le but de défendre leurs intérêts personnels, ont décide de faire exploser cette mine.
Hadrami courtise depuis des années sa tribu et leur fait des gestes d’amitié. Il distribue de l’argent, de l’aide alimentaire… Le jour venu, il leur demande de se manifester pour protester contre la tribu des Foqra et des Thalat qui « envoient leurs enfants étudier à l’étranger alors que les fils de Lebboihat sont utilisés comme chair à canon ».
Kader et Mansur s’adressent aux membres de leur tribu sous prétexte que les Rguibat monopolent le pouvoir au Polisario et répriment les autres tribus pour garder leur prise sur les avantages de la gestion des affaires des sahraouis.
Hadrami, Kader, Mansour et Ould Salek établissent leur « Etat Major » à la Wilaya d’Aousser. Hadrami à Zoug et les autres à Agüeinit. Ils fixent une date pour les manifestations. Le jour J, plusieurs familles de Lebboihat, Oulad Dleim et Oulad Tidrarin manifestent simultanément à El Aaiun, Smara, Aousserd et Dakhla. Elles demandent que la « direction se réconcilie ».
Le Comité Exécutif se réunit et déclare que la cohésion de la direction du Front Polisario est intacte et qu’il n’y a aucun problème entre ses membres.
L’autorité suprême du Polisario décide d’envoyer en prison les promoteurs de cette insurrection.
Quelques jours après, elle fera un geste de clémence et décide de les libérer à condition qu’ils rejoignent leur travail sans conditions préalables. Ils acceptent. Hadrami est nommé représentant à Washington d’où il part au Maroc quelques jours après. Kader, Mansur, Brahim Hakim, Ould Salek sont nommés ministres et continuent à profiter des avantages de leurs postes, alors que la situation des familles qui ont manifesté pour les défendre se dégrade de plus en plus à cause de la diminution de l’aide alimentaire. Au même temps, l’allié algérien succombe dans une guerre civile qui durera 10 ans.
Les événements de 1988 ont laissé une profonde blessure dans tous les esprits. Parler de son appartenance était, jusque-là, un tabou sévèrement puni. Depuis cette trahison déguisé en soulèvement populaire, le langage tribal est devenu un fait anodin. Parler de son appartenance tribal n’est plus une honte mais un orgueil. L’autorité du Polisario s’est lentement atténué pour laisser place aux solutions tribales aux différents conflits qui surgissent. Les policiers et gendarmes sahraouis sont tabassés sans que les autorités sahraouis puissent réagir par crainte des réactions tribales. Le moral général a été fortement touché ce qui a provoqué une hémorragie dans les camps des réfugiés sahraouis. Une grande partie des citoyens ont émigré en Espagne, en Mauritanie, en Algérie et aux territoires occupés par le Maroc.
Aux camps des réfugiés, le Croissant Rouge sahraoui ne cesse de donner l’alerte sur la situation critique que les traitres n’ont vécu. Kader, Premier Ministre depuis plus de 20 ans. Mansour reçoit plus de 10.000 dollars chaque mois pour accommoder sa famille en Espagne. Mohamed Ali El Ouali, alias Omar Hadrami vient d’être nommé gouverneur des régions sahraouies de Guelmim et Smara. Et Mohamed VI a décidé de faire de la ville de Dakhla sa destination préférée lorsqu’il veut tenir tête à l’ONU. La ville de Kader et Mansour, connue par son manque dans la participation à l’Intifada de l’Indépendance.
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