Des preuves palpables et des témoignages accablants sur l’identification d’une partie, quoique infime, de disparus sahraouis, victimes des massacres perpétrés, en 1976, par l’armée d’occupation marocaine, dans le sillage de la farfelue « marche verte » à laquelle prétendait alors le roi Hassan II. Tel est le contenu d’une enquête, signée par le journaliste et réalisateur Amar Bendjedda, diffusée en avant-première, hier, par la Télévision nationale (ENTV), en présence de défenseurs de la cause sahraouie et des droits de l’Homme. Les victimes de cette tragédie, au nombre de huit, sont celles dont les ossements enfouis dans une fosse commune à Amgala, dans les territoires sahraouis libérés, ont été découverts, en février 2013, par le berger nommé Abderrahmane Abaid Bay. L’identification des victimes a été possible grâce au concours des médecins espagnols, du centre spécialisé du pays basque où étaient effectués les tests ADN sur les ossements et l’analyse anthropologique des documents trouvés dans la fausse commune d’Amgala.
Dans ce documentaire de 52 minutes, Amar Bendjedda n’a pas manqué de tendre le micro aux spécialistes basques pour témoigner, avec des images parlantes, de la véracité des résultats auxquels les tests scientifiques ont abouti. Des témoignages auxquels se joignent ceux des descendants des victimes d’Amgala dont les explications et le rappel des faits, notamment de l’unique rescapé du massacre de 1976, confirment clairement l’appartenance familiale des victimes. Les « 17 balles » tirées par les militaires marocains sur ces concitoyens sahraouis, tous des civils innocents, raisonne, à ce jour, dans les oreilles d’Ibn Ali Saïd El-Daf, le seul à avoir miraculeusement survécu à l’attaque d’Amgala. « Le seul tort des victimes qui se comptent par milliers, c’est d’être des Sahraouis », regrette, médusé, le rescapé d’Amgala, qui appelle la communauté internationale à œuvrer à déterrer les ossements des autres Sahraouis qui restent encore enfouis dans d’autres fosses communes, sises pour la plupart dans les territoires sahraouis occupés. Un vœu, pour le moins légitime, que partagent les défenseurs des droits de l’Homme à même de délivrer les centaines de familles qui pleurent leurs enfants depuis des dizaines d’années. Pour bien appuyer son enquête accablante pour le royaume chérifien, le journaliste de l’Entv a réuni, dans son moyen-métrage, un maximum de données dont les 52 minutes d’images concrètes filmées par l’ENTV au moment même des faits, en 1976. Le documentaire d’Amar Bendjedda se veut, ainsi, comme une énième pièce à conviction interpellant la communauté internationale sur sa responsabilité dans le conflit sahraoui.
À signaler que la diffusion de ce nouveau documentaire est déjà programmée successivement sur A3 vendredi, puis samedi, sur la chaîne terrestre.
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