Par Ammar Zitouni
Le Maroc est en train de payer lourdement son occupation du Sahara Occidental qu’il est inéluctablement condamné à abandonner quelque soit son intransigeance. On estime à plusieurs milliards de dollars de dépenses militaires annuelles par la monarchie marocaine pour maintenir son fait colonial. C’est le prix de l’arrogance et de l’intransigeance.
Malgré, le classement par l’ONU de la question sahraouie dans la case des territoires à décoloniser, la reconnaissance de la communauté internationale des droits de ce peuple sur son territoire, le Maroc refuse toujours à mettre sur la table des discussions et des négociations la question en litige, à savoir: l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous les auspices des Nations-Unies.
Ce référendum constitue une revendication si profonde ancrée dans la conscience du peuple sahraoui, qu’aucune puissance ne peut l’empêcher de se concrétiser, fut-ce le Makhzen et ses alliés occidentaux. Seuls sont négociables pour le Front Polisario, les modalités d’un accord sous la coupe de l’ONU, définissant le passage d’une situation de colonisation par la force, à une situation de droit et de souveraineté, soit l’exercice souverain des sahraouis de leur destin, garanti par un accord en bonne et dû forme sous la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU.
Rabat, devant tant de pressions internationales, sait bien, cependant que le statu-quo, sinon cette fuite en avant, ne sauraient être indéfiniment prolongés. Pas seulement pour des raisons financières, mais aussi pour des raisons stratégiques, voire géopolitiques: la poursuite de ce conflit, vieux de plus de quatre décennies sape à la base l’intégration maghrébine et même les fondements de l’unité africaine au sein de laquelle le Maroc est absent depuis très longtemps.
En effet, l’aire maghrébine et africaine, nécessaire étape pour faire face ensemble au terrorisme, à la mondialisation et aux convoitises étrangères sur les richesses naturelles de ces deux régions voisines, ne constitue pour le Maroc, à la fois colonial et expansionniste, q’un vulgaire périmètre de manœuvres. Par ailleurs, le sentiment unitaire qui est profondément ancré dans les peuples du Grand Maghreb, rien ou si peu, n’a été fait depuis des décennies qui aurait pu lui donner corps et vie.
C’est pour tenter de mettre fin à ce paradoxe, et aux contraintes de tous ordres qu’il entraîne, qu’il faut comprendre la démarche constante entreprise par l’Algérie. Les facteurs qui militent en faveur de l’unité maghrébine, étape nécessaire vers l’unité du monde arabe, sont nombreux et connus: la géographie, l »histoire, la langue, la culture, la religion, les traditions constituent des bases objectives et subjectives indéniables. Ce raisonnement frappé du coin du bon sens obéit donc à des nécessités qui deviennent de plus en plus vitales pour l’avenir de toute la région. A l’heure d’une situation régionale et internationale pleine de tensions et de contradictions, le Grand Maghreb est astreint à constituer une entité dont la vocation arabe et le poids se feront sentir dans les relations internationales, particulièrement en tant que charnière stratégique entre l’Afrique et le reste des continents.
Dans une région où les clivages politiques, idéologiques et économiques, se mesurent aujourd’hui en termes de puissance militaire, avec ce que cela implique, ajouté au phénomène du terrorisme, de danger pour l’avenir du Maghreb et de l’Afrique, l’ONU devrait plus que jamais se présenter comme une force morale incontestable et offrir l’unique chance pour la dynamique de la paix de se déployer véritablement, en mettant toute la pression voulue sur le Maroc. C’est à l’initiative du Conseil de sécurité, à travers ses différents mécanismes, que devrait intervenir l’organisation d’un référendum d’autodétermination donnant la pleine liberté au peuple sahraoui à se prononcer sur son avenir. A.Z.
La Tribune des Lecteurs, 22 mai 2014
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