par Me Takioullah Eidda
Depuis quelques temps, la presse marocaine n’a cessé de s’en prendre à la Mauritanie et ses dirigeants. Cette presse est tellement agressive, jusqu’à affirmer que l’Algérie aurait financé à hauteur de 200 millions de dollars la campagne présidentielle du Président Aziz, avec la garantie que tous les Sahraouis de Tindouf viendraient lui accorder leurs votes pour être sûr de son élection au premier tour!!! http://cridem.org/C_Info.php?article=656820
Cette campagne médiatique est couplée, ce qui est nouveau, par un offensif de sabotage suber-numérique, dont on ne connait pas encore les conséquences. http://cridem.org/C_Info.php?article=656886
Ce n’est pas la première fois que cela arrive. En espérant toutefois, que cette fois-ci, elle sera la dernière. Car, les Mauritaniens sont fatigués, très fatigués, de cette « guerre d’usure psychologique » sans fin et, au fond, sans raison.
Souvenons-nous, le Maroc a tout d’abord nié à la Mauritanie sa naissance et son existence. Il la reconnaitra plus tard, mais il continuait, intentionnellement, de la priver de jouir tranquillement de son indépendance.
Par la suite, il l’a embrigadé dans la guerre du Sahara; la guerre de toutes les souffrances. Souffrance pour le pays et son développement; souffrance pour son armée; souffrance pour la conscience mauritanienne vis-à-vis des frères sahraouis; et, enfin, souffrance pour les veuves et les orphelins ayant perdus des êtres chers, et parfois leurs uniques soutiens, dans cette guerre maudite.
Il est temps pour le Maroc, pays que tous les Mauritaniens considèrent comme étant ami, voisin et, par dessus tout frère, d’accepter le fait que les choses ne sont plus comme elles étaient.
La Mauritanie émerge des cendres de sont feu de mauvaise récolte. Elle ose; elle s’assume; elle s’affranchit; elle s’autosuffit; elle se positionne et se décomplexe.
Elle n’a donc pas à se justifier pour les choix qu’elle impose dans ses relations avec les autres, puisqu’elle s’autogère aujourd’hui par « en dedans », et ce, en fonction de ses besoins, de ses stratégies, de ses ambitions et de son devenir.
Il est temps pour le Maroc d’intégrer le fait que les ambitions expansionnistes exprimées en 1958 à M’Hamid El’Ghzlan, par feu Mohamed V, concernant le grand Maroc, était une erreur historique, reconnue par tous, y compris par le Maroc lui-même et le parti d’El Istiqlal, dont le leader Mohamed Bouceta qualifiait l’indépendance de la Mauritanie « comme une vaste escroquerie et une grande illusion »!
Tout ça appartient au passé. Je dirais, au passé composé de beaucoup d’erreurs de jugement et de stratégie de la part du Maroc.
Si le Maroc en veut à la Mauritanie pour ses relations privilégiées et uniques avec le Mali, eh bien il n’a qu’à réviser l’Histoire rien que durant les trois (3) dernières décennies.
Si le Maroc en veut à la Mauritanie pour ses relations avec les Sahraouis, eh bien il n’a qu’à faire la distinction entre la position de la population mauritanienne et celle de son État.
Pour la majorité des Mauritaniens, les Sahraouis sont des frères, des parents avec lesquels ils sont liés par la profondeur des racines de l’Histoire de « Moujtamaa El’Bidhan »; et les discours de circonstances pour une consommation politique quelconque n’y peuvent rien!
Quant à l’État mauritanien, sa position de neutralité positive est l’une des rares politiques qui a transcendé tous les régimes qui se sont succédés au pouvoir dans ce pays depuis 1978.
Si le Maroc, en veut à la Mauritanie pour ses relations avec l’Algérie-sœur, eh bien il n’a qu’à sonder les profondeurs de la culture de « Moujtamaa El’Bidhan », dans laquelle la reconnaissance est une valeur inoxydable à l’épreuve de l’usure du temps.
Comment la Mauritanie peut-elle oublier la position historique de l’Algérie lors de la nationalisation de la MIFERMA? Comment la Mauritanie peut-elle oublier la position historique de soutien de l’Algérie lors de la mise en place de l’ouguiya comme monnaie nationale et sa sortie de la zone franc CFA? Comment la Mauritanie peut-elle oublier les avions de l’Algérie mis à sa disposition pour évacuer les rescapés mauritaniens se trouvant au Sénégal lors des tristes, tristement célèbres, événements de 1989?
Bien sûr, aucun Mauritanien ne peut oublier! Tout Mauritanien honnête et de bonne foi reconnait ces positions singulières de l’Algérie, lesquelles font partie intégrante des archives de la mémoire collective mauritanienne.
Évidemment, cela n’enlève rien de ce que le Maroc lui a fait, surtout au niveau de l’enseignement, de la formation et de la proximité culturelle. Si bien que beaucoup de Mauritaniens sont très attachés à cette affinité naturelle et qui ne dit pas son nom!
Mais, malheureusement, il y a toujours ce parasite, ce quelque chose d’épileptique, à l’instar de cette campagne médiatique marocaine, qui vient, comme un cheveu dans la soupe, couper aux Mauritaniens l’appétit devant le plat de ses relations avec le Maroc!
Dommages!! Mais une chose est certaine: le Maroc peut essayer chaque fois de couper les racines des fleurs de la Mauritanie, mais il ne peut jamais empêcher l’arrivée de son printemps!
Maître Takioullah Eidda, avocat
Québec, Canada
http://saharaopinions.blogspot.be/2014/06/maroc-il-est-temps-de-cesser-les-tirs.html
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