Par Nadjib Hadded
Face à une conjoncture plus favorable, marquée notamment par un cessez le feu et à l’heure d’un moment décisif au Nord du Mali, Alger est une nouvelle fois sollicitée pour abriter un deuxième round de négociations entre l’ensemble des groupes armés et ce, en présence de pays voisins dont le Tchad et la Mauritanie. En tant qu’acteur régional » majeur, connaissant la nature des problèmes, des crises et les hommes » l’Algérie rassemble ces protagonistes pour leur permettre de trouver entre eux des terrains d’entente dans la perspective des pro- chaines discussions avec le gouvernement malien.
Une rencontre qui en fait appuie les efforts de la communauté internationale et ceux des Etats limitrophes en direction de ce pays d’Afrique de l’Ouest, de près de 15 millions d’habitants. A noter dans ce sens, que tout le monde est d’accord sur la nécessité de mener » un dialogue inclusif, constructif et franc entre les parties maliennes » afin de solutionner durablement des problèmes aigus, dont principalement celui de l’Azawad, qui ont pris en otage ces derniers temps, la sécurité et la stabilité du Mali dans sa partie septentrionale.
D’un autre côté, Bamako ne prend pas part à cette réunion, mais il ne fait pas de doute qu’elle se réjouit fortement de sa tenue et le Président malien Ibrahim Boubacar Keita avait souligné, récemment, qu’il cherchait « l’apaisement dans cette période plutôt difficile pour le Mali ». Les obser- vateurs estiment à cet égard que la paix ne peut s’installer définitivement dans cette contrée que si une solution politique globale est trouvée. Et cette dernière, disent-ils, passe inéluctablement par Alger.
Ainsi, le ministre Délégué chargé des Affaires Maghrébines et Africaines, Abdelkader Messahel, avait mis en avant dernièrement, trois conditions sine qua non pour une sortie de crise dans l’échiquier malien. A savoir, que les Maliens doivent être reconnus comme les principaux acteurs dans cette solution et il faut donc les aider dans ce sens (sans ingérence). Que de son côté la communauté internationale, doit être guidée par un même agenda et ses efforts conduits selon un même ordonnancement en aval de la volonté des Maliens, des prérogati- ves de la CEDEAO et des intérêts de sécurité nationale des pays du champ voisins du Mali (Algérie, Niger et Mauritanie). Et que la responsabilité de supervision et de coordination réservées à l’Union Africaine, en matière de paix et de sécurité, doit être prise en compte de même que l’appui de l’ONU (présente à travers la MINUSMA).
Rappelons dans ce sens que le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait effectué dernièrement une tournée au Mali et au Sahel au cours de laquelle les autorités de ce pays avaient souligné que » l’engagement de l’Algérie est le bienvenu et souhaité « . A ce titre, M. Lamamra avait affirmé que les Présidents des deux Républiques algérienne et malienne, Abdelaziz Bouteflika et Ibrahim Boubacar Keita partagent la même stratégie, celle de » travailler dans la concertation avec cependant des visions à rénover « .
Le chef de la diplomatie algérienne avait d’autre part relevé un important autre maillon de la paix et de la sécurité au Mali et plus globalement dans l’espace sahélo-saharien, en l’occurrence celui du combat pour éradiquer totalement le terrorisme et le crime organisé, ajoutant qu’il faut » veiller à ce que les maux et les problèmes frontaliers « , comme les activités terroristes, soient contenus, endigués et progressivement mis hors de cause, grâce à une coopération de tous les instants et à des activités de prévention « .
Relevant par ailleurs que l’Algérie était consciente de sa responsabilité vis-à-vis de la région sahélo-saharienne, le ministre avait déclaré qu’il y a lieu de transformer celle-ci en une zone de développement, avec la réalisation de projets structurants « .
Rappelons d’autre part, que la solution politique au Mali passe dans le fond, d’abord par le règlement de la question de l’Azawad, un territoire riche mais qui ne profite pas à sa population et qui profite quasi-totalement au Sud, par le dépôt des armes et enfin par le choix d’un schéma politique adéquat, le tout loin des manipulations franco-marocaines qui, jusque-là, ont toujours empêché ces aspirations de se réaliser sur le terrain.
Le Jour d’Algérie, 07/06/2014
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