Voilà un article qui ne va pas plaire à Mohamed VI et au Makhzen. Le très célèbre journal américain «The New York Times», s’est fendu d’un brûlot sur la gouvernance de Sa majesté que la propagande marocaine tente de faire passer pour un modèle de démocratie dans la région.
Dans cet article qui sera publié jeudi en version papier, les changements politiques entrepris par le Roi Mohammed VI sont seulement «cosmétiques».
S’appuyant sur les témoignages et avis d’experts, le journal américain remet au goût du jour «plusieurs cas d’arrestations et de répression contre des journalistes et militants pro démocratiques». The New York Times, établit avec force ironie, la comparaison entre «l’image du Roi Cool en Tunisie» et «la tergiversation des réformes au Maroc».
L’article signé Aida Alami, se veut être un éclairage sur un royaume qui s’apprête à fêter le 15e anniversaire de l’accession au trône par Mohamed VI. Et le moins que l’on puisse dire, est que le royaume y décrit de façon peu glorieuse loi de l’image «cool» de M6 déambulant en jean et t-shirt en marge d’une visite officielle dans les rues de Tunis il y a quelques semaines. Le journal US souligne que les tensions «augmentent et que les militants et journalistes pro démocratie font face à de plus en plus de répression».
Pour l’auteur, le gouvernement tente «d’apprivoiser une opposition enhardie par les révolutions arabes de 2011». Et de sommer sur les cas du journaliste Ali Anouzla, qui risque jusqu’à 20 ans de prison, de Mustapha Hasnaoui qui purge une peine de quatre ans et qui a entamé une grève de la faim, du rappeur Mouad Belghouat alias El Haqed, ainsi que celui des détenus du 6 avril, des jeunes du mouvement 20-Février. The New York Times a souligné qu’à travers la nouvelle constitution, proposée par le Roi, qui selon lui,« a eu recours au même stratagème que son père, le roi Hassan II».
Des réformes cosmétiques
Le journal rappelle en effet que Feu Hassan II a eu recours à «sept amendements de la Constitution pour faire face aux crises survenues lors de son règne de 38 ans». «Beaucoup de gens estiment que les changements entrepris par le roi Mohammed VI sont cosmétiques.
Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a déclaré qu’il y a un manque de volonté politique pour mener à bien les réformes promises, en particulier sur le dossier des droits de l’Homme.», lit-on encore dans un article incendiaire, peu commun dans la presse américaine.
The New York Times signale que les militants des droits de l’Homme au Maroc estiment «qu’il y avait eu beaucoup de fanfare mais peu de changement». Et de citer une déclaration d’Eric Goldstein, directeur adjoint de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord selon lequel «les autorités continuent d’arrêter et d’emprisonner des manifestants et des dissidents sur des accusations forgées de toutes pièces et de disperser violemment des manifestations pacifiques».
Plus crue encore, Mounia Bennani-Chraïbi, professeur d’études internationales à l’Institut d’études politiques et internationales à l’Université de Lausanne en Suisse, assène que «le régime marocain utilise des crimes de droit commun ou de terrorisme, pour supprimer les opposants politiques et les empêcher de devenir des héros»…
Hamid Merakchi
L’Est Républicain, 17/06/2014
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