Une nouvelle affaire empoisonne les relations entre Paris et Rabat, après le coup d’éclat du capitaine Adib et son dépôt de plainte contre le souverain marocain et son armée. En effet, l’’ex-capitaine marocain, Mustapha Adib, âgé de 45 ans, ne veut ni plus ni moins que mettre le roi Mohammed VI et son armée au box des accusés.
Ainsi, Il vient de déposer une plainte contre le roi Mohamed VI et le général, Abdelaziz Bennani, aux soins au Val-de- Grâce, selon son avocat. Cité par des medias français, au motif d’avoir été victime de représailles après avoir dénoncé la corruption dans l’Armée marocaine. Cette plainte contre un dignitaire marocain pourrait rendre un peu plus exécrables les rapports entre Rabat et Paris. Il faut rappeler que ce mauvais feuilleton pour le Makhzen a commencé quand la justice française avait souhaité entendre, il y a trois mois, le patron du contre-espionnage marocain, en visite à Paris, dans le cadre d’une autre enquête judiciaire pour tortures à l’encontre de militants et prisonniers politiques sahraouis. La plainte de Mustapha Adib vise le Maroc et une trentaine de responsables, militaires et civils. Il y dénonce des faits de torture et des «traitements cruels et dégradants». Elle a été déposée parce que Mustapha Adib a appris que l’un des responsables qu’il attaque, le général Abdelaziz Bennani, était actuellement en France, hospitalisé au Val-de-Grâce, à Paris. Elle intervient, alor que l’ex-officier a été placé hier en garde à vue, le général Abdelaziz Bennani, affirmant avoir reçu des lettres de menaces à l’hôpital. «Si Adib a pu constater la présence de Bennani à l’hôpital, confirmée devant la chambre par les proches de ce dernier, il n’a pu le rencontrer physiquement ni échanger avec lui», a réagi son avocat Me Moutet, réfutant toute «menace écrite ou agression morale». «La garde à vue de Mustapha Adib, orchestrée en urgence absolue par la diplomatie française à la demande de Rabat, est une réponse totalement démesurée, qui prend évidemment sa source dans d’autres dossiers, dont Monsieur Adib est aujourd’hui la victime collatérale», a dénoncé l’avocat. Dans sa plainte, l’officier dissident explique que ses ennuis ont débuté à la fin des années 90 quand, jeune officier dans une base aérienne, il avait dénoncé des faits de corruption, notamment de détournement de carburant par des officiers. Il précise dans sa plainte avoir écrit, le 13 novembre 1998, à Mohamed VI, alors prince héritier, pour l’informer. Dès lors, les mesures de rétorsion auraient commencé : placement aux arrêts, reports de congés payés, violences physiques, entre autres. Fin 1999, Mustapha Adib est cité dans un article du quotidien Le Monde sur la corruption dans l’Armée marocaine, selon la plainte. Arrêté, il aurait été interrogé par des officiers, dont Abdelaziz Bennani, qui lui auraient reproché d’être entré en contact avec un journaliste étranger. Condamné à deux ans et demi de prison en 2000, peine qu’il a purgée jusqu’en 2002, il avait reçu le soutien de la Fédération internationale des droits de l’Homme. Sa plainte contre le roi et les généraux de l’armée, est en tout cas une autre mise en accusation entre les mains d’un Makhzen attaqué de toutes parts. Et non seulement par les militants sahraouis, pour ses exactions à leur encontre et l’exercice systématique de la torture dans les territoires sahraouis occupés, mais aussi par des ONG, pour sa spoliation des richesses halieutiques et du sous-sol du Sahara occidental et jusqu’à y compris par des ONG marocaines de défense des droits de l’homme.
M. B.
Le Courrier d’Algérie, 23/06/2014
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