Honteuse exploitation de l’anniversaire de la mort de Mohamed Boudiaf par les médias marocains

La presse marocaine s’ingénie à s’approprier honteusement les symboles les plus authentiques et les plus vénérés de l’Algérie. C’est ainsi que certains titres ont consacré des hommages particulièrement pompeux à l’ancien président Mohamed Boudiaf, à l’occasion du 22e anniversaire de sa disparition, pour le présenter tantôt comme «le plus marocain des présidents algériens», tantôt comme «la bête noire des généraux». Ce qui intéresse le plus cette presse à la solde du Makhzen, ce n’est pas tant de comprendre les motivations de cet homme historique qui a répondu à l’appel de la patrie, à un moment crucial de son histoire, mais plutôt de montrer un chef d’Etat algérien prêtant presque allégeance au roi du Maroc. Pour cette presse de propagande anti-algérienne, son long exil dans ce pays «frère» devait faire de lui un «sujet» et, plus tard, un «ami» du roi. Certains titres suggèrent même que la décision d’«éliminer Boudiaf» serait motivée par ce prétendu rapprochement avec le palais de Rabat, durant la période où il était président du HCE. Ainsi, son voyage «privé» au Maroc est décrit comme l’élément déclencheur d’un désaccord avec les «généraux» qui devait précipiter son exécution. Les stéréotypes, ici, le disputent aux approximations pour relater une histoire aussi complexe et aussi dense que cet épisode charnière. A défaut de preuves, ces journaux marocains se limitent à se référer à des sources invérifiables, puisées dans la littérature propre aux milieux anti-algériens qui pullulait en Europe dans les années 1990, pour prêter au président Mohamed Boudiaf des positions hostiles à la cause sahraouie. Selon ces sources, le chef d’Etat algérien aurait même promis à Hassan II une solution durable «qui serait bénéfique au royaume». A son retour à Alger, Boudiaf aurait confié à une chaîne de télévision marocaine (dont on doute que les archives soient accessibles) que les finances de l’Algérie ne lui permettaient plus, à cause de la dette qui atteignait les 30 milliards de dollars, de continuer à soutenir au même rythme le Front Polisario qui luttait pour l’indépendance. «Pour lui, la question du Sahara Occidental était secondaire par rapport au sauvetage de toute l’Algérie», résume un quotidien marocain. Mais à quelle époque, pourrions-nous rétorquer, l’affaire du Sahara Occidental a-t-elle été la première priorité des Algériens ?
R. Mahmoudi
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