Par Ammar Zitouni
Paniquant plus que jamais, le gouvernement marocain, en mal d’argument en ce qui concerne la colonisation du Sahara occidental, impuissant à se défendre face à la levée de boucliers de la communauté internationale sur les atrocités commises au quotidien contre les Sahraouis, n’hésite à aucune occasion de cibler l’Algérie. Un repère devenu, au fil des épisodes de cette fuite en avant récurrente et de trop pour les Autorités algériennes qui, jusqu’ici, encaissent sans réagir.
Jeudi, selon une dépêche de l’AFP, le ministre marocain des Affaires étrangères, a fustigé l’attitude « minable » de l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental, l’accusant d’être derrière la récente désignation d’un envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour le Sahara occidental, sous domination coloniale marocaine.
« L’Algérie utilise tous les moyens financiers et logistiques pour contrecarrer les efforts du Maroc, visant à trouver une résolution à cette question », a déclaré Mezouar lors d’une audition publique devant une commission parlementaire.
« La dernière chose a été la désignation de cet envoyé spécial de l’Union africaine (…) Quand on voit les tentatives du régime algérien pour contrer nos efforts, nous constatons que les méthodes utilisées sont vraiment minables », a-t-il enchaîné, précisant « Notre conflit aujourd’hui n’est pas avec le Polisario mais avec l’Algérie ». Ce ton venant du diplomate marocain, s’inscrit dans les épisodes supplémentaires qui ne font que confirmer le caractère belliqueux de Rabat envers Alger, anéantissant tout espoir, s’il existe encore, quant à la capacité marocaine de s’auto amender, fut-ce en apparence avec l’Algérie, ou de suivre des relations saines dépourvues de la question du Sahara occidental qui, en fait, est du ressort des Nations Unies, et cette fois-ci de l’Union africaine qui vient de s’impliquer. Aussi, accuser l’Algérie d' »attitude minable », est tout à fait indigne de la part de la diplomatie marocaine. Il s’agit là d’une véritable expression d’un sentiment provocateur. Une provocation de plus, qui prouve que le gouvernement marocain, dont la conscience n’est pas tranquille parce qu’il tourne le dos en continu à la réalité de la cause du peuple sahraoui et qui craint, par dessus tout, les réactions inévitables de la communauté internationale, n’essaie, en vérité, de se « dédouaner » en utilisant le « paravent » de ses prétendues accusations contre l’Algérie, dont il proclame à longueur d’année qu’elle est le véritable architecte, sinon l’inspiratrice, du combat sahraoui pour sa liberté.
De cela, l’Algérie est amplement convaincue de son soutien à la seule autodétermination du peuple sahraoui sous les auspices des Nations Unies, et ce, conformément à son action internationale à savoir: « L’action internationale de l’Algérie s’inscrit dans le prolongement de l’oeuvre accomplie ces dernières années par le président Bouteflika, en matière de paix et de sécurité, de partenariats stratégiques et économiques, et de solidarité dans ses airs d’appartenance et, où ses principes et ses intérêts lui assignent une place et un rôle de choix. Cette action est conforme à la Charte et aux principes des Nations Unies, ainsi qu’à ceux du Non-alignement et des organisations, dont l’Algérie fait partie, notamment la Ligue arabe et l’Union africaine ». Dans cet esprit, l’Algérie poursuivra son appui au peuple du Sahara occidental pour l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination, sous l’égide des Nations Unies.
Si l’art du Makhzen consiste à utiliser l’Algérie pour occulter l’occupation du territoire sahraoui et concourir à la stratégie de la « victime », il implique à la diplomatie algérienne la nécessité de ne pas laisser le champ libre à cet adversaire régional. En effet, pour la monarchie marocaine, c’est connu depuis quatre décennies, la prise en main de ce conflit par l’ONU et l’UA est inadmissible, inacceptable, indiscutable pour son règlement. Face à cette intransigeance, l’UA, qui vient de se pencher sur ce dossier en désignant un envoyé spécial pour ce territoire sous domination coloniale marocaine, ne devrait-elle pas passer à l’offensive en coordonnant son action avec l’ONU afin de mieux décrédibiliser cet occupant, qui proclame à qui veut lui faire confiance, que l’Algérie est une menace pur son intégrité territoriale. Maintenant que la question du conflit Maroc-Polisario est d’actualité à tous les échelons internationaux, il advient à l’ONU et à l’UA en concert d’agir avec cette subtile dose dont fait preuve la diplomatie algérienne pour aboutir à une solution pacifique entre les deux parties, mais surtout d’imposer au Maroc à se mettre sur la table d’une négociation honnête, positive, mieux encore, par sa disposition d’esprit à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, menant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
A présent que tout est clair entre Alger et Rabat, il ne s’agit nullement pour les Autorités algériennes de tomber dans le piège grossier préparé par le Makhzen, de complicité avec des Etats qui lui sont un soutien flagrant dans son aventure sahraouie, mais singulièrement pour déstabiliser la région. Il ne s’agit pas non plus d’accepter la dialectique diplomatique cousue de fil blanc et orchestrée par les stratèges du Palais royal. Mais de prouver au-delà de la rhétorique, de l’intoxication et de la démagogie du gouvernement de Sa Majesté que l’Etat algérien, mûri par les épreuves et les leçons de l’Histoire du pays, tient toujours à assumer ses propres responsabilités envers la cause juste du peuple sahraoui. Les jappements des membres du gouvernement marocain contre l’Algérie ne peuvent aboutir à aucun déclin de cette position algérienne, pour la tenue d’un référendum d’autodétermination sous la conduite des Nations Unies. Le discours dithyrambiques renouvelé du roi Mohamed VI envers l’Algérie, mais hypocrite, ne cicatrisent pas les profondes blessures subies par le peuple algérien de la part d’un pays « frère ». A. Z
http://www.tribunelecteurs.com/fichier/12_7_2014/panique.html
Be the first to comment