La diplomatie algérienne joue une partie de cartes décisive en tentant de parvenir à un accord entre le pouvoir central à Bamako et la rébellion touarègue. Les atouts de Ramtane Lamamra et ses sherpas ne manquent pas pour convaincre les « frères ennemis » de la nécessité d’enterrer la hache de guerre et enclencher un processus de reconstruction politique bénéfique pour tous les Maliens. Mais rien n’est acquis dans une situation pétrie d’incertitudes et percluse par des affrontements armés encore récents.
Négociations entre Maliens à Alger Rendez-vous décisif pour une paix durable Aujourd’hui débutent à Alger les négociations intermaliennes. Sont présents à ce premier tour de table, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement des Arabes de l’Azawad (MAA) qui sera représenté par deux branches, des milices d’autodéfense proches du pouvoir de Bamako et une délégation du gouvernement malien dirigée par le ministre des Aff aires étrangères, Abdoulaye Diop.
Les groupes terroristes com- me Aqmi, le Mujao, Ansar Eddine et la Faction de Mokhtar Belmokhtar sont exclus de ces négociations. Ces négo- ciations seront accompagnées par un «collège de médiateurs» et un autre «de facilitateurs». Outre l’Algérie, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) feront partie des médiateurs, tandis que l’Union européenne (UE), la France, le Niger et le Nigeria seront parmi les fa- cilitateurs. Le Maroc, qui, à la deman- de du président Keïta, était entré dans la ronde des nombreuses médiations déjà en cours, ne sera pas représenté, mais le Premier ministre malien, Moussa Mara, lui a demandé « de continuer à jouer de son infl uence » en vue d’une solution. Moussa Mara a dé- claré qu’« un processus de paix néces- site des eff orts » et « des compromis de part et d’autre », laissant présager des concessions du gouvernement, qui a déjà tracé « la ligne rouge » à ne pas franchir : la remise en cause de l’inté- grité territoriale du Mali et la laïcité de l’Etat. Après des revendications indé- pendantistes, aujourd’hui offi cielle- ment abandonnées, certains des grou- pes rebelles réclament désormais une forme d’autonomie ou un statut parti- culier pour le Nord qu’ils appellent Azawad. Selon un expert de la Minus- ma, il faut faire vite, car « la situation se dégrade de plus en plus dans le Nord : à côté du diff érend gouvernement malien/groupes armés, des aff ronte- ments intercommunautaires sont en cours et c’est plus dangereux que tout le reste ». Le rendez-vous crucial d’aujourd’hui a été précédé hier par une réunion du comité stratégique in- termalien qui devait préparer le ter- rain pour le succès des négociations.
Selon l’article 20 de l’accord prélimi- naire, les parties signataires entame- ront, après soixante jours de l’investi- ture (du président malien, ndlr) et la mise en place du gouvernement, les pourparlers de paix en vue d’aboutir à la signature d’un accord défi nitif. Le dialogue inclusif portera, précise le même article, sur les questions suivan- tes : l’organisation administrative et institutionnelle en particulier des ré- gions du Nord du Mali, la stratégie de développement intégré des collectivi- tés, la gestion des ressources et des ri- chesses nationales, la réorganisation des forces de défense, le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, l’amélioration de la gouvernance administrative, économi- que et politique, le retour des refugiés et des personnes déplacées et leur réin- sertion, la protection et la promotion des droits de l’homme au Mali, la jus- tice et la réconciliation. Au Mali, ces négociations sont suivies avec autant d’espoir que de scepticis- me. L’opposition, qui se sent écartée du processus de négociations avec les organisations armées du Nord, plaide pour un consensus national autour d’une vision commune d’entamer les pourparlers. La presse malienne redou- te l’échec des négociations en raison de divergences de fond liées aux sta- tuts des régions du Nord. Pour le journal en ligne « Mali-Jet », « ce début de négociation est un grand pas dans le processus de paix au Mali. Fragilisées depuis le 17 janvier 2012 par une crise sans précédent, les auto- rités maliennes peinaient à trouver la bonne formule pour sortir du guêpier. Les consultations en cours, avec la fa- cilitation de l’Algérie, s’annoncent houleuses ». Le journal, citant des sources concor- dantes, affi rme que la position du gou- vernement relative à l’intégrité territoriale, l’unité nationale et le caractère laïc de l’Etat, ne semble pas être parta- gée par les groupes armés, qui auraient élaboré en dehors des plateformes pa- raphées à Alger un document confidentiel attribuant aux régions du Nord tous les attributs d’un Etat indépen- dant. Ce document est-il une feuille de route sur laquelle porteront les négo- ciations ?
http://www.reporters.dz/lalgerie-parraine-aujourdhui-et-demain-un-dialogue-decisif-entre-les-parties-en-conflit-au-nord-du-pays-mali-lheure-de-verite-sonne-a-alger/13184
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