La France au Mali, comme si elle n’est jamais partie

L’accident de l’avion affrété par Air Algérie pour combler un déficit criant en aéronefs a, d’abord, prouvé que la bonne gouvernance au sein de la compagnie nationale et sa tutelle ministérielle n’est pas à l’ordre du jour. Le commun des mortels sait pourtant que les prévisions en matière statistique orientent, normalement, les décideurs à prendre, très tôt, les décisions stratégiques pour anticiper la gestion des besoins futurs.
Les premiers besoins sont ceux crées par Khalifa Airways qui a, malgré tout, réussi à nous transporter dans des « voies célestes » pour des destinations heureuses. Aller d’un bled de l’intérieur vers un autre bled de l’intérieur, sans passer par les métropoles, était un grand succès en termes de temps et d’aisance. En parler encore serait très long et le sujet n’est pas vraiment à propos. 
L’accident de cet avion a, enfin, montré une occupation systémique d’un pays, le mali, par un autre pays, la France. L’ex colonie et l’ex colon. La France est revenue (était-elle partie ?) grâce à l’opération Serval pour endiguer l’avancée des islamistes vers la capitale Bamako, après avoir occupé beaucoup de grandes villes et le territoire des Azawed. La France est omniprésente, ici et là, dans toutes les anciennes colonies qui restent des mamelles à traire. Même quand les Etats sont en faillite financière, la France ne s’en offusque pas, elle tète le sous-sol. Avant l’opération Serval pour sauver le Mali, il y avait l’opération Epervier pour sauver le Tchad en s’opposant aux libyens de Kaddafi. Ceux-ci défendaient Goukouni Oudei qui venait juste d’être détrôné par Hisséne Habré, soutenu par la France et les Etats Unis.
Ce sanguinaire, que français et américains ont soutenu, devait être jugé au Sénégal où il s’est exilé depuis des années. Le procès n’aura jamais lieu parce que ceux qui l’avaient soutenu ne veulent pas que l’opinion publique sache que le poulain de grandes puissances avait commis de terribles crimes contre l’humanité. Le Sénégal, trois présidents durant, n’arrive pas, à ce jour, à réunir les 10 millions de dollars nécessaires pour le procès. Les grands y compris la France fermeraient les robinets. Le Tchad était déchiré.
Je me rappelle de la délégation des jeunes de Goukouni Oudei, venus en Libye, grâce à l’ancien 2èmehomme de Kaddafi, Abdeslem Jalloud pour nous solliciter afin d’avoir des armes contre Habré. Nous étions alors dans une activité politique et culturelle multilatérale africaine. Pour revenir au sujet, l’opération Epervier n’était pas la première. Il y avait l’opération Manta en 1983/1984, toujours dans le cadre du conflit Tchad-Libye. Cette opération devait garantir la protection des intérêts français et particulièrement les ressortissants français habitant au Tchad. Après Manta et Epervier est venue se greffer à cette dernière l’opération Dorca pour …le Soudan. 
Aujourd’hui, au Mali, l’opération Serval est finie mais rien n’est fini. En juillet 2014, il y a quelques jours, la France a mis sur rail, l’opération Barkhane qui se veut une action internationale contrairement à l’opération Serval qui n’a eu l’aval « de la communauté internationale» que très tard. Les intérêts français justifient tous les bruits de bottes.
Les autochtones au Mali, me disait, au téléphone, le président de l’assemblée de Kidal, en pleine tourmente de l’agression de l’équipe nationale de foot ball du Togo au Cabinda, au moment où elle se dirigeait vers l’Angola pour participer à la coupe d’Afrique, que l’argent européen n’arrivera pas jusqu’ici, les militaires étrangers défendront leurs intérêts pas les nôtres. Dites seulement à Bouteflika de nous laisser faire le troc avec les algériens du sud et nous survivrons…

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