Une coalition anti-Etat islamique commence à prendre forme
Barack Obama est optimiste lorsqu’il a assuré vendredi dernier que l’Etat islamique, responsable d’atrocités en Irak et en Syrie, fi nirait par être vaincu, notamment grâce à la constitution d’une vaste alliance internationale. «Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais nous avançons dans la bonne direction.
PAR ABDELKRIM GHEZALI
Nous allons aff aiblir et, in fi ne, vaincre l’Etat islamique», a promis Obama au cours de sa conférence de presse à la clôture du sommet de l’OTAN vendredi dernier à Newport (Royaume-Uni). «Je m’en vais confi ant dans le fait que les Alliés de l’OTAN et leurs partenaires sont prêts à rejoindre une vaste coalition internationale», a ajouté le président américain, dont le pays a déclenché début août des frappes aériennes ciblées pour stopper l’avancée des djihadistes dans le nord de l’Irak.
Le premier noyau de la coalition anti-Etat islamique est constitué de dix pays, dont les représentants ont tenu une réunion en marge du sommet de l’OTAN dans la matinée de vendredi dernier. Il s’agit des Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Turquie, la Pologne, le Danemark, le Canada et l’Australie. «Il n’y a pas de temps à perdre», avaient plaidé le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, souhaitant que la coalition soit constituée d’ici à l’Assemblée générale», a ainsi estimé l’un des piliers de l’antiterrorisme américain, Matthew Olsen, qui dirige le Centre national de l’antiterrorisme.
Rappelons que le roi d’Arabie saoudite avait appelé à une action rapide de la communauté internationale contre l’Etat islamique qui menace, en fait, la stabilité des monarchies du Golfe.
Pourtant, les mêmes pays qui redoutent aujourd’hui les débordements éventuels de l’Etat islamique ont fi nancé et armé l’organisation mère qu’est Daech dont plus de six cents éléments ont été entraînés par les services secrets occidentaux, selon un quotidien britannique. Manifestement, les contours de la coalition dont parlent les Etats-Unis ne sont pas encore défi nis, même si le concept est arrêté. Il n’y aura pas de troupes occidentales au sol du moins pas au front. Car, il s’agit bel et bien d’une guerre de front, dont la chair à canon est à trouver essentiellement en Irak, mais aussi en Jordanie, en Arabie saoudite. A ce propos, rien n’est encore clair même si John Kerry avait déclaré, au lendemain de l’appel au secours du roi d’Arabie saoudite, qu’il allait discuter avec les pays les plus menacés directement par l’Etat islamique.
D’ailleurs, John Kerry est attendu ce week-end au Moyen-Orient pour convaincre les pays de la région de rejoindre la future coalition, alors même que six monarchies arabes du Golfe se réunissent aujourd’hui en Arabie saoudite. Dans la perspective d’une coalition internationale, le Canada a déjà annoncé vendredi dernier qu’il allait déployer «plusieurs dizaines » de militaires en Irak «pour fournir des conseils et de l’assistance» à l’armée irakienne. Toutefois, les objectifs, la nature et les contours de cette coalition restent encore à définir.
Pour les participants à la réunion de vendredi dernier, «la ligne rouge est : pas de troupes (de combat) au sol», a résumé John Kerry. Selon les Américains, «pour être efficace, elle doit s’articuler autour de plusieurs axes : soutien militaire à nos partenaires irakiens, stopper le flux des combattants étrangers, contrer le fi nancement de l’Etat islamique, traiter la crise humanitaire et délégitimer son idéologie». Certains pays se sont toutefois montrés plus nuancés. «Nous commençons tout juste à traiter la question d’un groupe (l’Etat islamique), contre lequel personne n’a de stratégie à long terme», a souligné le chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier. L’Allemagne va, comme la France, toutefois fournir des armes aux Kurdes qui combattent les djihadistes dans le nord de l’Irak. Le président français, François Hollande, s’est pour sa part dit prêt à participer à une coalition «dans le respect du droit international», refusant de donner plus de détails sur les futures actions de la France.
Une chose est sûre, les Etats-Unis ne veulent pas une réédition de la coalition qui avait permis à Washington d’envahir l’Irak en 2003 : «Nous ne voulons en aucune manière que cela ressemble à ce qui a été fait en 2003 lors de l’invasion de l’Irak», a argumenté la porte-parole du département d’Etat, Marie Harf. Si l’intervention aérienne est posible en Irak, qu’en est-il de la partie syrienne contrôlée par l’Etat islamique ? Hollande a exclu pour l’heure une action dans ce pays, dirigé par un président Bachar al-Assad dont la légitimité n’est pas reconnue par les alliés et qui pourrait mettre à profi t des frappes pour se renforcer. «Nous ne sommes pas dans les mêmes situations de droit international.
Dans un cas, l’Irak, ce sont les autorités que nous considérons comme légitimes qui nous appellent (à l’aide). Dans l’autre, qui nous appellerait ?» s’est-il interrogé. Obama a lui-même reconnu la semaine dernière que les Etats-Unis n’avaient pas encore arrêté de stratégie pour la Syrie. En fait, ce qui pourrait arranger l’Occident c’est de pousser les éléments de l’Etat islamique vers la Syrie pour y aggraver la situation. Si telle est leur stratégie secrète, ils risquent de faire de la Syrie une autre Libye et une zone de nondroit où tous les terroristes pourraient se regrouper pour mieux provoquer le chaos, mais à une échelle plus grande.
ReportesDZ, 007/09/2014
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